Les Mythes de l'actu

Narcisse, du reflet d’un fleuve aux écrans de téléphone

Narcisse et Echo

© Fine Art Images via Getty Images

Par Céline Dekock d'après la chronique de Pascale Seys via

Téléphone à la main ou agrippé sur une perche télescopique, les touristes sillonnent le monde à la recherche du cliché parfait, les représentant devant un paysage de rêve ou un monument célèbre. Selfies, posts sur les réseaux sociaux relatant nos moindres mouvements et humeurs, autant de symptômes universellement visibles du narcissisme, cette disposition aux accents pathologiques, axée sur l’enflure de soi et une fixation sur sa propre personne. Pascale Seys nous explique comment, en traversant le temps, les mots et les mythes nous rappellent à notre mémoire.

Les mythes de l'actu

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Le mythe fondateur de Narcisse est raconté dans Les Métamorphoses du poète latin Ovide, qui s’est lui-même inspiré de nombreux auteurs grecs. Dans ses Métamorphoses, Ovide raconte que les parents de Narcisse, la nymphe Liriope et le dieu fleuve Céphise, consultent à la naissance de leur fils l’oracle officiel de Thèbes, Tirésias, afin de savoir ce que l’avenir réserve à leur précieux Narcisse. Tirésias leur répond que Narcisse sera heureux, à la seule condition qu’il ne se connaisse pas lui-même.

Narcisse grandit et il est doté d’une beauté incroyable. Courtisé par tous les hommes et toutes les femmes, Narcisse est également très fier et repousse les avances de ses diverses prétendantes et prétendants. Parmi ceux-ci, la nymphe Echo se languit d’amour pour le beau Narcisse, qui ignore la nymphe.

© Leemage / UIG via Getty Images

Un affront qui sera puni par une sentence vengeresse, proféré par la déesse Némésis, et qui lui tient lieu de destin : "Que le barbare aime à son tour, sans pouvoir être aimé !" Et alors que Narcisse se balade en forêt et s’abreuve à un lac après une longue journée de chasse, Narcisse voit apparaître un reflet dont il tombe éperdument amoureux.

Narcisse demeure, des jours durant, immobile, penché au-dessus des eaux claires et argentée, à contempler son image, plongeant dans un fantastique délire amour au destin funeste, puisque, comme nous le dit Ovide, Narcisse reste là, immobile, jusqu’à ce qu’une "nuit éternelle couvre ses yeux, épris de sa beauté".

Dans les tréfonds de son âme, Narcisse meurt de contempler sa propre vacuité. Et c’est pourquoi il a toujours besoin des autres, moins pour les aimer et les chérir que pour en être aimé et chéri.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous