En remportant ce samedi le second Grand Chelem de sa carrière aux Internationaux de Tennis d’Australie, la jeune joueuse japonaise Naomi Osaka s’est hissée au premier rang du tennis mondial féminin. Au-delà de sa nouvelle popularité internationale et de ses performances exceptionnelles, c’est surtout son parcours et ses origines atypiques qui dépassent les frontières du sport.
Quatre mois après avoir remporté son premier trophée à l’US Open contre son idole Serena Williams, Naomi Osaka a signé ce samedi 26 janvier son deuxième titre d’affilée en Grand Chelem en dominant la joueuse tchèque Petra Kvitova en trois sets. Réputée pour son travail acharné et sa force de frappe, Osaka confirme avec cette nouvelle victoire son statut de grand espoir. Il ne s’agit là que du troisième trophée de sa carrière mais tout porte déjà à croire que la Japonaise de 21 ans est bien partie pour dominer le tennis féminin. C’est pourtant pour ses origines familiales que la joueuse déchaîne les passions, devenant indirectement le symbole de la lutte contre la discrimination des métis au Japon.
Née en 1997 à Osaka, ville dont elle porte encore le nom, la joueuse a quitté son Japon natal dès l’âge de trois ans pour émigrer aux Etats-Unis avec Léonard François, son père d’origine Haïtienne, Tamaki Osaka, sa mère Japonaise, ainsi que sa grande sœur Mari. La raison de cet exil est simple. Accusée de déshonorer sa famille par sa relation avec un homme d’origine noire, la mère de Naomi Osaka s’est vue contrainte de déménager avec sa petite famille aux Etats Unis dans les années 2000. Ce n’est qu’à ce moment-là que Léonard François, fasciné par le succès des sœurs Williams à l’époque, entamera l’entraînement de ses filles au tennis, avec le succès que l’on sait pour Naomi.
►►► À lire aussi : Naomi Osaka, l’ascension fulgurante de l’étoile japonaise
Au Japon, la pureté raciale est un concept encore bien implanté et un terme existe déjà pour caractériser ces enfants issus de mariages mixtes : « Hafu ». Une désignation apparue dans les années 70 dont l’origine étymologique anglaise renvoie à la notion de « moitié ». Ces enfants métissés sont aujourd’hui encore la cible de préjugés raciaux au Pays du Soleil Levant et leur présence au Japon ne représente d’ailleurs que 2% des naissances annuelles. Paradoxalement, de nombreuses personnalités japonaises dites « Hafu » et qui ont pu mener des carrières dans le sport ou les médias se voient régulièrement occulter leurs origines étrangères pour être présentées comme étant 100% japonaises.