Namur

Namur : privé de son guide pour l’Ironlakes, Raphaël, aveugle, trouve un remplaçant pour son tandem de triathlon après un message FB

Ass. HLN : Raphal Kergen

© Mathieu GOLINVAUX

Par Jean-Claude Hennuy

C’est une histoire à la croisée du courage d’un sportif, des encouragements de ses proches et de la solidarité que peuvent parfois susciter les réseaux sociaux !

Privé de son guide sportif blessé en juin dernier, l’athlète namurois Raphaël Kergen, aveugle, a bien failli s’être entraîné pendant des mois pour rien, à l’approche de l’Ironlakes 2022, le grand rendez-vous de triathlon des 17 et 18 septembre prochains, aux Lacs de l’Eau d’Heure.

Sans "les yeux" de son accompagnateur, Raphaël ne pouvait pas s’inscrire à la compétition. Et les chances de trouver un autre guide à la dernière minute étaient minces. Les plaisirs de la natation, du vélo (en tandem) et du marathon semblaient s’éloigner. Mais c’était sans compter sur la ténacité de Raphaël et sur le soutien d’une amie adepte des réseaux sociaux.

Depuis son accident du travail en novembre 2015, le sportif namurois a certes perdu la vue et sa main droite. Mais l’homme ne s’est pas laissé abattre et s’est entraîné avec force et courage pour poursuivre sa route en handisport.

Guide blessé

A 44 ans, Raphaël s’apprêtait donc à participer à l’édition 2022 de l’Ironlakes. Puis, catastrophe ! Son guide, accompagnateur sportif, se blesse. Impossible pour ce dernier d’assurer la triple épreuve et en particulier, les 180 km de distance à parcourir en tandem avec Raphaël. Ce dernier interroge alors les instances sportives dans l’espoir de trouver un compromis. Pourquoi pas deux guides ? L’ancien pour la natation et le marathon. Un nouveau guide pour les 180 km en tandem ? Mais le message de la Fédération est sans appel : il faut un (et un seul) guide pour les trois disciplines. A 6 semaines de l’événement, c’est le coup de massue pour Raphaël qui se demande comment sortir de cette impasse.

SOS guides

En discutant avec une amie, une idée voit le jour : lancer un appel sur FaceBook pour trouver, le plus vite possible, un guide remplaçant. Pari risqué ! Défi relevé ! En un seul jour, la page de l’amie enregistre 2300 partages, plus de 400 commentaires et surtout… 24 candidats, quelques-uns s’étant aussi manifestés via d’autres moyens de communication. "Je ne m’attendais pas à un pareil raz de marée de soutiens", commente Raphaël. "Mon amie aussi a été surprise. Moi, cela m’a fait vraiment très plaisir de voir cette solidarité. Maintenant, je dois analyser ces candidatures et faire le tri. Je devrai faire une sélection dans quelques jours, à mon retour de vacances. Certaines personnes se sont proposées, la main sur le cœur. Mais elles n’ont peut-être pas les bonnes références au niveau des capacités physiques ou de l’expérience en triathlon et en particulier pour les épreuves de "full distance" (3,8 km à la nage, 180 km à vélo et 42 km en course à pied).

L’accompagnateur idéal

Pour trouver le guide idéal parmi des candidats inconnus, Raphaël prendra en compte plusieurs critères. Outre l’expérience, les capacités physiques et la motivation, le Namurois devra surtout trouver un sportif qui a plus ou moins la même taille que lui. "C’est très important pour le tandem. Contrairement à la natation et à la course à pied où les choses sont faciles, pratiquer le vélo à deux est beaucoup plus compliqué. Mon guide devra piloter. Certes, il aura le guidon en main, mais il aura le poids de deux personnes. L’effort des bras est bien plus important. On n’a pas son indépendance, comme en individuel. Il faut tenir compte de l’autre et c’est plus contraignant. Pour se mettre en danseuse ou ralentir un petit peu, même en se concertant, c’est difficile. Enfin, il faut entre nous une grande complicité et une grande confiance. Surtout pour une longue distance".

Tenir la distance

Raphaël vise surtout le plaisir de l’épreuve, pour lui et pour son guide. Certes, le Namurois et son guide donneront le maximum pour obtenir de bons résultats. Mais le fait de pouvoir concourir est encore plus important. "Pour la natation, étant privé de ma main droite, je nagerai sur le dos. En 1h25 environ. Pour le vélo, j’espère avec mon guide avoir une vitesse moyenne de 30 km par heure. On devrait mettre environ 5h30. Enfin, pour la partie marathon, on devrait prendre entre 4h30 et 5h30. Au total, nous devrions tout faire en 12 ou 13 heures".

Organisation de l’année

Elu "Organisation de l’année 2022", l’événement de triathlon (et ses nombreuses épreuves) devrait attirer plus de 2000 participants. Décerné par la Fédération belge de triathlon, le prix remis à l’organisateur de l’Ironlakes revient aussi à un Namurois, Florian Badoux.

Passionné de sports, amateur de trail, ancien grimpeur de haut niveau et gérant d’une salle d’escalade à Jambes, Raphaël Kergen a déjà remporté les suffrages de nombreux supporters. Malgré son terrible accident, le père de famille brille par son courage, son dynamisme et son optimisme à toute épreuve.

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