La justice namuroise va bientôt connaître une sérieuse réorganisation. Confronté à un manque d’effectifs et soucieux d’améliorer le service au justiciable, le parquet va changer son mode de fonctionnement en 2018. La division de Dinant s’occupera exclusivement de toutes les affaires de roulage de l’arrondissement. Tandis que la division de Namur traitera les affaires correctionnelles, économiques et financières, ou celles qui relèvent des tribunaux de la jeunesse ou de la famille.
"Depuis trois ans, nous vivons une situation très difficile sur le plan du personnel, explique Vincent Macq, procureur du Roi de Namur. Les magistrats et le personnel administratif ne sont pas remplacés, pour une raison de budget. Nous nous rendons compte aujourd’hui que nous avons deux équipes en difficulté, sur Namur et sur Dinant, qui font la même chose mais parfois de manière différente. Donc nous avons décidé de prendre les devants, parce que nous savons que nous n’aurons pas énormément de personnel supplémentaire dans les années qui viennent. Plutôt que de laisser deux équipes qui font un peu de tout des deux côtés, nous allons les regrouper et les spécialiser".
A l’avenir, la division de l’arrondissement judiciaire ne sera donc plus territoriale mais technique. Auparavant, une infraction de roulage commise par exemple à Gembloux était traitée par le parquet de Namur. Désormais, elle sera traitée à Dinant, les magistrats dinantais du parquet devenant les spécialistes de ce contentieux.
Travail plus efficace et uniforme
En opérant cette réorganisation, magistrats et personnel administratif devraient travailler plus efficacement. "Je prends l’exemple de la section droit commun qui gère donc les dossiers correctionnels, poursuit le procureur. Aujourd’hui j’ai cinq personnes à Namur, trois personnes à Dinant au niveau des magistrats. Demain j’aurai une équipe de huit personnes qui sera sur Namur. Et on fera plus à huit que si on est cinq d’un côté et trois de l’autre".
Autre avantage, c’est l’uniformisation du traitement des dossiers, alors qu’auparavant une affaire n’aurait pas forcément pris la même orientation à Namur ou à Dinant.
Moins de proximité?
Mais cette nouvelle organisation ne risque-t-elle pas de nuire à la justice de proximité? "Vaut-il mieux que mon dossier soit traité par une équipe performante mais trente kilomètres plus loin ou vaut-il mieux qu'il soit traité à côté de chez moi par une équipe en difficulté, s'interroge Vincent Macq. Nous avons fait le choix de dire qu’il vaut mieux aller plus loin pour rencontrer un service de qualité. Et en ce qui concerne les contacts avec nos partenaires que sont la police, le tribunal et les services sociaux par exemple, il faut arrêter de penser qu’on a besoin d’amener un papier à quelqu’un pour qu’il puisse traiter un dossier. Aujourd’hui, les dossiers peuvent être scannés, on peut travailler par mail, on peut tenir des réunions à distance avec Skype, avec les nouvelles technologies. Et c'est ce que nous allons faire à partir de 2018".
Le procureur rappelle enfin que la réorganisation dont il est question ne concerne que le parquet, et pas le tribunal qui continuera à tenir ses audiences dans les différentes matières à Dinant et à Namur. Du moins jusqu’à ce que la justice namuroise emménage dans son nouveau palais en 2021. A cette date, toute la justice pénale de l’arrondissement, y compris le tribunal, sera rapatriée dans la capitale wallonne.