Près de 190.000 habitants, 189.560 précisément ! Les derniers chiffres de population du Registre national belge, au 1er novembre 2021, indiquent que pour la Ville de Bruxelles, jamais le nombre d’habitants n’aura été aussi important. Certes, les données du Registre englobent toutes les catégories (registre de la population, registre des étrangers ou registre d’attente) mais la tendance que connaît la capitale est à la croissance depuis 20 ans !
Si l’on prend les chiffres de Statbel, l’institut national de statistiques, après nettoyage (radiation, régularisation, etc), la progression se confirme également. Après des années de recul et d’exode, la Ville est devenue toujours plus attractive avec 134.000 habitants en 2000, 143.000 en 2005, 157.000 en 2010, 175.000 habitants en 2015, 185.000 au 1er janvier 2020 et même près de 187.000 au 1er janvier 2021. Jusqu’où ce mouvement va-t-il s’arrêter ? Et la Ville de Bruxelles est-elle capable de dépasser le cap des 200.000 habitants ?
Plus de naissances que de décès
"La croissance pour la Ville de Bruxelles est très régulière depuis 10 ans", analyse Jean-Pierre Hermiat, expert-démographe à l’Ibsa, l’Institut bruxellois de Statistiques, "avec 30.000 habitants supplémentaires, soit près de 20% de sa population en plus."
Plusieurs facteurs expliquent cette forte croissance. Premièrement, le nombre de naissances (2486 en 2020) est plus important que le nombre de décès (1496 en 2020). "Ce n’est pas propre à la Ville de Bruxelles mais ça la caractérise avec deux fois plus de naissances que de décès. Ensuite, la Ville est très attractive au niveau international. Il y a beaucoup plus de gens qui s’installent à Bruxelles que de gens qui quittent la Ville de Bruxelles pour l’étranger. Le gain, chaque année, est d’environ 3500 habitants."
Bruxelles, plus souvent que les 18 autres communes de la Région, "reste la porte d’entrée pour des personnes venues de l’étranger. D’autres le sont aussi évidemment à l’image d’Ixelles par exemple".
Neder et Haren
L’étendue du territoire permet également d’absorber cette croissance démographie. La Ville de Bruxelles s’étire de l’hôpital militaire à Neder-over-Heembeek au Nord, jusqu’au Bois de la Cambre au Sud, en passant par Haren, Laeken, le quartier Nord, le quartier européen et le Pentagone.
"La croissance se marque à Neder-over-Heembeek et Haren notamment depuis une dizaine d’années, avec l’apparition de nouvelles constructions. Mais le phénomène vaut aussi pour le Pentagone, qui est le cœur historique de la Ville de Bruxelles. Cette partie du territoire, qui se dépeuplait auparavant, regagne des habitants depuis une vingtaine d’années" à la faveur pensent les experts de la transformation de certains bureaux en logements.
134.000 Bruxellois en 2000, près 190.000 20 ans plus tard. Plus de 200.000 ensuite ? Quelle prédiction pour l’avenir ? "C’est très compliqué", sourit Jean-Pierre Hermiat. A l’horizon 2050, l’Ibsa prévoit toujours une croissance démographie continue pour l’ensemble de la Région bruxelloise avec plus de 1,288 million d’habitants (1,219 million en 2021).
"Beaucoup de facteurs entrent en jeu dans l’analyse, notamment dans une commune comme la Ville de Bruxelles avec des éléments qui ne sont pas très visibles. Je pense aux migrations internationales, facteur le plus important mais sans doute l’élément le plus imprévisible. La pandémie de coronavirus a fortement impacté les migrations internationales en 2020."
Reste que "si la tendance se poursuit et même si elle ralentit, la Ville de Bruxelles atteindra les 190.000 habitants d’ici quelques années". Pour la suite, "l’espace n’est pas infini, la population ne peut pas croître indéfiniment", surtout si les autorités locales tiennent à proposer une certaine qualité de vie dans les différents quartiers.