A la fois lauréate d’un Oscar comme actrice (pour "Howards End" en 1993) et d’un Oscar comme scénariste (pour son adaptation de "Sense and sensibility" de Jane Austen en 1996), Emma Thompson s’était faite plus discrète sur les écrans ces dernières années. Elle retrouve un premier rôle d’envergure dans "My Lady" ("The children act"), réalisé par Richard Eyre.
Emma Thompson incarne Fiona, juge à la Haute Cour de Londres, spécialisée dans les affaires familiales. A la veille d’un week-end, elle est saisie en urgence d’un cas délicat : un hôpital veut soigner un adolescent leucémique en effectuant une transfusion sanguine qui pourrait lui sauver la vie. Or le garçon et ses parents, parce qu’ils sont Témoins de Jéhovah, refusent cette transfusion. Fiona n’a pas d’enfant, est entièrement dévouée à son métier, et traverse pendant cette affaire une grave crise dans son couple. Fragilisée, elle se retrouve seule face à cet adolescent rebelle et qui souffre…
C’est un plaisir énorme de retrouver une grande actrice comme Emma Thompson dans un rôle à sa mesure. Elle incarne avec la sensibilité et l’intelligence qu’on lui connaît cette magistrate qui s’interroge sur la finalité de son métier et sur sa vie privée. On peut juste regretter que l’écrivain Ian McEwan, qui a adapté lui-même son roman à l’écran, dessine un peu trop sommairement les personnages de l’adolescent malade et de ses parents, comme s’ils n’étaient là que pour illustrer le débat d’idées que le romancier veut mettre en place. Heureusement, les personnages de Fiona et de son mari (incarné par l’excellent Stanley Tucci) sont nettement plus consistants. C’est pour ce beau couple de cinéma, vibrant et subtil, que "My Lady" vaut le détour.