Musique et peinture : Les habitués de la salle Huyghens

Jacques-Émile Blanche, 1923.  Peinture représentant cinq membre du Groupe des Six

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Par Elsa-Line Huwyler de la RTS via

Croisements entre musique et peinture sont récurrents dans l’histoire de l’art. Mais y a-t-il période plus éloquente que celle qui entoura la première guerre mondiale ? Dans toute l’Europe, compositeurs et peintres s’associaient pour monter les spectacles les plus captivants, alliant grands textes, décors somptueux et musique envoûtante.

Les habitués de la salle Huyghens

Dans les années 1910 à Paris, les artistes assistent à une vraie émulation culturelle. Des expositions et des concerts ont lieu dans la salle Huyghens à Montparnasse.

La salle Huyghens était le nom donné à l’atelier du peintre Emile Lejeune, qu’il mettait à la disposition de ses amis musiciens, compositeurs et peintres, qui étaient privés de scène à cause de la guerre, nous sommes alors en 1917.

C’est aussi à ce moment-là qu’un groupe de jeunes et moins jeunes compositeurs se forme : les Nouveaux Jeunes, qui deviendra plus tard le Groupe des Six. Parmi eux, Georges Auric, l’un des benjamins. Charmé par le texte de Molière "Les fâcheux", il décide de demander à Georges Braque son aide pour les décors du futur ballet.​​​​​​​

La musicienne de Georges Braque

En janvier 1918, Georges Auric, alors âgé de 18 ans, est présent dans la salle Huyghens pour un concert :

Il observait la salle grouillante autour de lui. Le concert n’avait pas encore commencé et les gens s’asseyaient sur les chaises prêtées par les Jardins du Luxembourg. Les amis de longue date se retrouvaient dans la joie et le bruit. De petits nuages de vapeur se formaient autour des mots prononcés, l’atmosphère était glaciale dans cette passoire du quartier Montparnasse. Le poêle capricieux avait décidé de se mettre à l’arrêt et l’agglutinement de corps humains ne suffisait pas à émettre une chaleur suffisante.

La musicienne de Georges Braque, 1917-1918

Sur les murs et les chevalets en bordures de l’atelier se trouvaient de grandes toiles. On y exposait toujours les œuvres les plus récentes. On se battait pour la visibilité que procurait une exposition à la Salle Huyghens.
Prêt de la scène, côté cour – il y avait d’ailleurs réellement une cour de ce côté-là – était exposé un grand tableau. Au centre de la toile, un instrument, dissout dans un enchevêtrement de lignes et de figures géométriques abstraites, formes ornementées de pointillés… L’œuvre portait un titre, la musicienne, un masque sur les yeux, la femme jouait. Les couches dramatiquement superposées conféraient au tableau une dimension profonde. A l’extrémité gauche, la signature de l’auteur. Mais Auric le connaissait, il n’avait d’ailleurs pas eu de difficulté à mémoriser son prénom, puisque c’était le même que le sien : Georges Braque.

La Musicienne de Georges Braque est l’un de ses chefs-d’œuvre cubistes, qu’il a réalisé alors qu’il était en pleine convalescence après une sérieuse blessure reçue lors de la Première Guerre Mondiale.

Les Nouveaux Jeunes ou le Groupe des Six

Ce soir de janvier 2018 était le soir où, pour la première fois, le nom d'Auric serait associé à celui de ses camarades, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc, et Germaine Tailleferre.

On allait y découvrir leurs musiques et leurs idées et leurs positions qui saillaient derrière leur art. Jean Cocteau, qui a beaucoup influencé ces "Nouveaux Jeunes", était venu assister au concert et même le grand Maurice Ravel était présent.

Georges Braque et les instruments de musique

Dans l’atelier du peintre Georges Braque, on pouvait trouvait toute une collection d’instruments de musique, guitare, mandoline, violon, accordéon ou encore des instruments à vent.

Les instruments sont des objets particuliers pour moi, et pour bien d’autres d’ailleurs. Je ne les peins pas comme je peins des natures mortes, ce sont des objets vivants, des objets qui s’éveillent au toucher, j’aime leurs formes étranges, complexes, leurs angles impossibles.

Georges Braque

Georges Braque collabora avec Georges Auric à la création des décors et des costumes pour le ballet composé par Auric, inspiré des Fâcheux de Molière. 

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