Musée juif : un an après, l'enquête se poursuit, Nemmouche nie toujours

Mehdi Nemmouche continue à nier les faits

© Archive BENOIT PEYRUCQ - AFP

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Par Alain Lechien

Un troisième homme, aperçu à Bruxelles en compagnie de Mehdi Nemmouche, est toujours recherché. L'instruction est en cours.

Mehdi Nemmouche a été interpellé par hasard le 31 mai à Marseille dans un autocar arrivant de Bruxelles, au cours d'une fouille des services de douane qui recherchaient de la drogue. Il transportait une kalachnikov, un revolver et une casquette similaires à ceux du tireur. Dans son sac, se trouvaient également des articles de presse sur l'attaque commise au Musée juif à Bruxelles le 24 mai 2014 et une caméra contenant une vidéo dans laquelle un homme, qui n'est pas filmé, revendique cette attaque.

Mehdi Nemmouche a expliqué avoir volé les armes. Il nie toute participation dans la fusillade.

Le Franco-Algérien, qui a refusé un temps sa remise aux autorités belges par crainte d'être ensuite envoyé en Israël en raison de la nationalité israélienne de deux des victimes de la tuerie, a été livré par la France à la Belgique le 29 juillet 2014. Il a été inculpé le lendemain du chef d'assassinat dans un contexte terroriste. Il est depuis écroué à la prison de Bruges.

Nemmouche s'est rendu en Syrie

Mehdi Nemmouche est né à Roubaix, dans le nord de la France, en 1985. Il n'a jamais connu son père et a été ballotté de maison d'accueil en maison d'accueil avant d'être confié à sa grand-mère à l'âge de 17 ans, a relaté son ancienne avocate française, Me Soulifa Badaoui. Il a déjà été condamné à sept reprises notamment pour des vols avec violence et pour le braquage d'une supérette. En 2013, il s'est rendu en Syrie auprès de jihadistes et était fiché par les services de sécurité français pour cette raison. Le journaliste français Nicolas Hénin, ex-otage en Syrie, affirme que Mehdi Nemmouche était l'un de ses geôliers.

Ses deux avocats dans le dossier de la fusillade au Musée Juif, Sébastien Courtoy et Henri Laquay, sont des figures controversées du barreau de Bruxelles. Ils ont reçu en 2012 une "quenelle d'or" des mains de l'humoriste français Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme. Me Courtoy a notamment défendu l'ancien député Laurent Louis, qui fait l'objet de plusieurs plaintes pour antisémitisme et négationnisme. Me Laquay a figuré sur une liste du FN aux législatives en 1999 et a été l'attaché parlementaire d'un élu FN.

Un complice

Nacer Bendrer, suspecté d'avoir été le complice de Mehdi Nemmouche dans l'attaque du Musée juif, a été interpellé le 9 décembre 2014 à Ceyreste, à 30 kilomètres de Marseille. La police française a trouvé à son domicile deux pistolets automatiques, un fusil de chasse, un chargeur et des munitions ainsi qu'une arme automatique de type kalachnikov.

Il a été remis à la Belgique le 16 février et placé le lendemain sous mandat d'arrêt.

Nacer Bendrer a été détenu dans la même prison que Mehdi Nemmouche, à Salon-de-Provence, entre 2008 et 2010. C'est pendant cette période que les deux hommes se seraient radicalisés sur le plan religieux. D'après des éléments de l'enquête, les deux protagonistes seraient restés en contact après leur détention et dans les semaines avant l'attaque.

Mehdi Nemmouche aurait appelé Nacer Bendrer en avril 2014 depuis Bruxelles, après quoi Nacer Bendrer aurait rejoint la capitale belge. Deux semaines plus tard, Mehdi Nemmouche aurait à son tour voyagé jusqu'à Marseille. Après l'attentat, Mehdi Nemmouche a, à nouveau, rejoint la cité phocéenne, où il a été interpellé. Nacer Bendrer, qui est défendu par Me Thomas Descamps, nie toute implication dans la fusillade du Musée juif.

Troisième homme?

Les autorités judiciaires recherchent également un troisième homme, filmé quatre jours après l'attentat à côté de Mehdi Nemmouche sur le boulevard Albert II à Bruxelles.

Une autre procédure est en cours en lien avec l'attaque. Juste après la diffusion des images des caméras de surveillance sur lesquelles l'auteur des faits est vu en train d'extraire d'un sac une kalachnikov à crosse repliable, un policier expérimenté travaillant au service des indicateurs de la police judiciaire fédérale de Bruxelles a reçu un tuyau d'un informateur déclarant reconnaître la kalachnikov comme une arme écoulée récemment dans le milieu. Son supérieur, présent au moment de la divulgation de cette information, lui a demandé de rédiger immédiatement un rapport confidentiel pour avertir aussi vite que possible la cellule antiterroriste de la police judiciaire fédérale. Le policier a tardé à le faire, ce qui lui vaut d'être poursuivi par le parquet de Bruxelles devant le tribunal correctionnel.

D'après Belga

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