C’est le constat de la société Netino spécialisée dans la modération du web et des réseaux sociaux pour différents médias français comme France Télévisions ou Le Monde.
Première observation : jamais les partis politiques, leurs candidats, militants et sympathisants n’ont été aussi actifs sur le web lors d’une élection, avec une virulence qui a été crescendo. Le PDG de Netino Jérôme Mani l’affirme à 01.Net : " Nous avons clairement senti que des organisations politiques ont lancé une armada d’internautes chargés d’intervenir sur Internet pour débattre ou pour réorienter les discussions ".
Et il ajoute que dans cette technique d’occupation du terrain numérique, " Les proches du FN ont été de très loin les plus actifs. Leur but était clairement de convaincre alors que les autres courants politiques se sont cantonnés à la critique du camp d’en face ".
Une stratégie offensive et massive.
Netino a observé que sur certains sujets, les publications favorables aux thèses du FN atteignaient 80% des messages. Ce qui n’a pas été sans provoquer des dérapages et polémiques, comme l’indique Jérome Mani : " Nous avons dû retirer de nombreux propos diffamatoires. Ces retraits ont énervé beaucoup d’internautes qui ont vu cela comme une censure ".
Mais peut-on établir un lien entre l’activité sur le web et les succès électoraux ?
Ce n’est pas quantifiable parce ceux qui s’y expriment sur le web ne reflètent pas la population dans son ensemble. Regardez le résultat des autres élections municipales hier en Turquie. C’est un triomphe pour le Premier ministre Erdogan malgré l’opposition virulente de nombreux internautes qui étaient littéralement entrés en résistance.
Mais ce qui est clair, c’est que le web favorise la diffusion de toutes les prises de position même les plus extrêmes. Avec comme conséquences leur banalisation. Il n’y a plus de tabous. Tout devient une opinion qui, à ce titre, peut s’exprimer librement.
Est-ce qu’on observe un même phénomène chez nous en vue du scrutin du 25 mai.
C’est trop tôt pour le dire et la configuration politique est différente. Mais ce qu’on peut déjà observer et on l’a encore vu hier lors de la confrontation des présidents dans Mise Au Point, c’est que chez nous aussi les partis veulent occuper le web. Quitte à le faire ressembler davantage à un match de foot ou des supporters s’affrontent, qu’à un espace de débat où des citoyens échangent des idées.
Alain Gerlache
@AlainGerlache #mediaTIC