Au cœur du roman – et du film -, il y a Alexandre, garçon bien né : son père est journaliste star à la télévision, sa mère est une essayiste féministe en vue. Etudiant à la prestigieuse université de Stanford, Alexandre rentre brièvement à Paris et va dîner chez sa mère, qui a emménagé avec son nouveau compagnon et Mila, la fille de celui-ci. A la fin du repas, le jeune homme part rejoindre une soirée organisée par des copains de son ancien collège, et on lui propose d’emmener Mila avec lui… Le lendemain, ayant dormi au domicile de son père, Alexandre est réveillé et emmené par la police judiciaire pour être mis en examen : Mila l’accuse de l’avoir violée à la soirée.
Dans son adaptation, Attal respecte la construction subtile et délibérément ambiguë du roman, qui développe les points de vue des deux protagonistes de l’affaire, jusqu’à leur confrontation au procès, forcément très médiatisé vu le pedigree de l’accusé. Si "Les choses humaines" dépasse le compte rendu de fait divers, c’est parce que Tuil en dit long sur les mœurs de notre époque, et sur la différence de perception de la sexualité : pour Alexandre, "gosse de riches", beaucoup de filles sont forcément consentantes, tandis que pour Mila, d’un milieu plus modeste, il y a beaucoup d’interdits liés à l’éducation de sa mère, juive orthodoxe très stricte. A partir de ce roman très riche, Attal réussit un film solide, qui fait salutairement réfléchir.