Cinéma

Mostra – Jour 9 : "Les choses humaines", le meilleur film d’Yvan Attal… hors compétition

Charlotte Gainsbourg, Ben Attal et Yvan Attal

© Pascal Le Segretain / Getty Images

Par Hugues Dayez

Certains films hors compétition à la Mostra sont parfois aussi attendus que certains titres qui sont dans la course pour le Lion d’Or. C’était le cas hier soir du film "Les choses humaines" d’Yvan Attal, parce que c’est l’adaptation d’un roman très célébré de Karine Tuil (récompensé par le Prix Interallié et le Goncourt des Lycéens)

Les choses humaines

L'affiche du film "Les choses humaines"

Au cœur du roman – et du film -, il y a Alexandre, garçon bien né : son père est journaliste star à la télévision, sa mère est une essayiste féministe en vue. Etudiant à la prestigieuse université de Stanford, Alexandre rentre brièvement à Paris et va dîner chez sa mère, qui a emménagé avec son nouveau compagnon et Mila, la fille de celui-ci. A la fin du repas, le jeune homme part rejoindre une soirée organisée par des copains de son ancien collège, et on lui propose d’emmener Mila avec lui… Le lendemain, ayant dormi au domicile de son père, Alexandre est réveillé et emmené par la police judiciaire pour être mis en examen : Mila l’accuse de l’avoir violée à la soirée.

Dans son adaptation, Attal respecte la construction subtile et délibérément ambiguë du roman, qui développe les points de vue des deux protagonistes de l’affaire, jusqu’à leur confrontation au procès, forcément très médiatisé vu le pedigree de l’accusé. Si "Les choses humaines" dépasse le compte rendu de fait divers, c’est parce que Tuil en dit long sur les mœurs de notre époque, et sur la différence de perception de la sexualité : pour Alexandre, "gosse de riches", beaucoup de filles sont forcément consentantes, tandis que pour Mila, d’un milieu plus modeste, il y a beaucoup d’interdits liés à l’éducation de sa mère, juive orthodoxe très stricte. A partir de ce roman très riche, Attal réussit un film solide, qui fait salutairement réfléchir.

LES CHOSES HUMAINES de Yvan Attal

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Du côté de la compétition…

De Pologne, nous est arrivé un film-fleuve de deux heures quarante, "Leave no traces", inspiré d’une tragique bavure policière. Le 14 mai 1983, alors que la Pologne est sous le régime de la loi martiale mise en place par le général Jaruzelski, un jeune étudiant de dix-neuf ans, Grzegorz Przemyk, est arrêté arbitrairement à Varsovie et tabassé à mort par les forces de police. L’affaire va créer un émoi énorme dans la frange de la population qui s’oppose au pouvoir en place ; une manifestation réunit plusieurs milliers de personnes en hommage au garçon assassiné. Son ami Cezary Filozof, seul témoin de la violence des policiers, va vivre alors une pression insoutenable jusqu’à pouvoir témoigner au procès.

Le film retrace les principales étapes de l’affaire et les moyens les plus retors imaginés par le gouvernement pour parvenir à faire innocenter les policiers. C’est un récit parfois ardu (les références politiques à l’année 83 en Pologne n’étant pas forcément dans toutes les mémoires), mais souvent prenant. Néanmoins, soit le film aurait gagné à être resserré, soit à être diffusé sous forme d’une mini-série (de 3 x 1H) pour que l’attention du spectateur reste intacte de bout en bout.

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