Ce lundi 6 décembre, huit organisations de défense des droits des enfants et des droits humains plaidaient pour l’interdiction des violences dites éducatives ordinaires (VDEO) à l’encontre des enfants. "La Belgique continue de tolérer ce type de violence, en ne les interdisant pas explicitement", argumentent-elles. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
La violence dite éducative et ordinaire se définit comme une violence physique, psychologique et ou verbale employée dans un but prétendument éducatif. "On dit qu’elle est ordinaire car elle est souvent considérée comme banale et tolérée", ajoute Benoît Van Keirsbilck, directeur de Défense des Enfants International-Belgique, l’une des organisations impliquées dans la démarche.
Selon le psychopédagogue Bruno Humbeek, un enfant qui subit des violences éducatives se sent se disqualifié ou indigne de découvrir le monde. Attention, ces VDEO ne sont donc pas toujours intentionnelles, mais elles sont vécues comme telles par l’enfant.
De quoi parle-t-on alors ?
Les violences dites éducatives ordinaires sont diverses. Lorsqu’elles sont de nature physique, on parle de fessée, de claque ou encore de tirage d'oreilles. D’un point de vue psychologique, il peut s’agir du fait de priver l’enfant d’un repas, de l’enfermer dans une cave ou encore de le priver de technologie. Enfin, les violences verbales peuvent prendre la forme d’insultes, de surnoms insultants ou encore de moqueries.
On ne veut pas non plus dire qu’il ne faut pas mettre des limites et des barrières aux enfants
Alors, faut-il arrêter de punir les enfants ? Ces organisations visent-elles à supprimer toute forme de punition ? "On n’est pas là de manière prescriptive, en disant qu’on ne peut jamais mettre un enfant dans le coin. Et on ne veut pas non plus dire qu’il ne faut pas mettre des limites et des barrières aux enfants", précise Benoît Van Keirsbilck.
"Ce qui est vraiment dommageable, c’est quand les choses sont banalisées, quand on a tout le temps la main leste, que l’on traite son enfant de bon à rien."
La visée éducative
Pour autant, comme le rappelle Bruno Humbeek, la punition n’est pas un gros mot en pédagogie. "Si votre enfant veut traverser la rue sans regarder et que vous le punissez pour qu’il ne reproduise pas ce type de comportement, qui va vous parler de violence éducative ?", explique le psychopédagogue.
"Par contre, si vous prenez du plaisir à le punir parce qu’il n’est pas sage, sans lui dire exactement le comportement que vous voulez cibler, là vous ferez preuve d’une forme de violence."
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Il faudrait donc penser la punition en termes d’objectif éducatif. Un parent n’est pas violent en privant son enfant de GSM de façon ponctuelle, parce qu’il y passe trop de temps. Cela devient plus problématique "si c’est quelque chose de systématique, sans réflexion éducative, et que l’on coupe le téléphone pour qu’il ne puisse pas contacter ses copains/copines et l’empêcher d’avoir des relations sociales", illustre de son côté Benoît Van Keirsbilck.
La violence n’est pas binaire
Les violences dites éducatives ordinaires sont donc à la fois très contextuelles et subjectives – puisqu’elles dépendent fortement du ressenti de l’enfant, comme de l'intention du parent.
"La violence n’est pas binaire. C’est un curseur, un continuum entre comportements violents, acceptables et bénéfiques pour l’enfant. On est dans quelque chose qui évolue sur ce curseur", précise le psychopédagogue Bruno Humbeek.