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Mons: Premier jour dans le supérieur pour Margaux, sourde de naissance

Margaux, souriante mais stressée à l'idée de franchir un nouveau cap dans la vie

© Vinciane Votron

Les écoles supérieures font leur rentrée aujourd'hui. Parmi les étudiants qui font le grand saut, certains ont des besoins spécifiques. C'est le cas de Margaux Dewattinne. Sourde profonde de naissance, elle entame aujourd'hui des études d'institutrice maternelle à la haute école Condorcet à Mons. 

Quelques jours avant la rentrée, des professeurs, une interprète en langues des signes, Margaux et sa maman se réunissent autour d'une table. Une réunion pour préparer la rentrée de Margaux en première année institutrice maternelle. Un métier qu'elle a toujours voulu exercer, mais c'est un grand changement pour elle: "Je suis un peu stressée parce que c'est mon premier jour dans le supérieur".

Comme tout le monde

A 19 ans, Margaux a effectué toute sa scolarité dans l'enseignement traditionnel. Ses parents l'ont toujours poussée à être autonome en ayant un diplôme, même si certaines professions ne pouvaient s'offrir à elle. Assunta Minsiteri, sa maman explique qu'ils ont dû faire certains choix: "Margaux ne peut pas répondre au téléphone, elle ne peut pas prendre des rendez-vous, même être face à quelqu'un à la caisse. Par contre, s'occuper des enfants en bas-âge, c'est beaucoup plus facile. Il y a des jeux, un système de communication totalement différent que la parole". 

Réunion de rentrée pour entourer Margaux
Réunion de rentrée pour entourer Margaux © Vinciane Votron

Aide spécifique

Pour faciliter son intégration, Margaux pourra bénéficier d'aide, comme d'une interprète pour certains cours. Le service d'appui destinés aux étudiants à besoins spécifiques fait un état des lieux avec chacun d'entre eux: "On prend surtout le temps d'analyser les besoins de l'étudiant par rapport à son parcours au sein de l'école: quels sont ses besoins par rapport à ses accès à l'information et ce qu'il faut mettre en place comme aide pour permettre d'accéder à l'information et on met surtout en place un système de collaboration avec les professeurs", explique Nathalie Vanzeeveren, la référente de Margaux.

Les professeurs réfléchissent à des méthodes didactiques appropriées. Martine Lafosse est psychopédagogue, elle va devoir adopter certaines bonnes habitudes: "par exemple, quand on se retourne au tableau, ne pas parler à ce moment-là. Il faut être attentif à toujours lui parler face à elle, à ne pas parler trop vite; lorsque des étudiantes parlent dans la classe, il faut qu'elle puisse les voir pour pouvoir comprendre ce qui se dit". Car Margaux lit sur les lèvres.

La maman de Margaux est fière de sa fille
La maman de Margaux est fière de sa fille © Vinciane Votron

Un parcours qui force en tout cas l'admiration et la fierté de ses proches : "On est très fiers d'elle. Franchement depuis la 3ème secondaire, Margaux réussit ses années sans examen de passage. On se dit que finalement, on a fait le bon choix." se réjouit sa maman.

Demandes croissantes

L'an dernier, une étudiante sourde a été diplômée comme sage-femme, un aveugle en tant qu'assistant social. Le service d'appui pour les étudiants à besoins spécifiques répond à de plus en plus de demandes. En 2015-2016, 90 étudiants ont fait appel à ces services, qu'ils aient un handicap (déficience sensorielle ou motrice), mais aussi les jeunes présentant un déficit d'apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dyspraxie) et les étudiants en situation de maladie invalidante pour qui il faut adapter le cursus à un moment donné en raison de leur état de santé.

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