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Mondiaux de cyclisme : La Belgique, battue sur ses terres, la tactique en cause ?

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Par Martin Weynants

Mondiaux de cyclisme : Victoire de Julian Alaphilippe

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Les espoirs étaient grands, les attentes énormes. La déception est à la hauteur. La Belgique a dû se contenter de la 4e place avec Jasper Stuyven. Une maigre consolation. Battue sur ses terres, notre équipe a-t-elle cafouillé sa tactique, comme cela avait été le cas à Tokyo ? Les Belges ont assumé rapidement le poids de la course et ont beaucoup roulé en tête, Remco Evenepoel a ouvert la course à 180 kilomètres de l'arrivée, le manque d'expérience de la sélection (et donc sa composition) : autant de sujets de discussions. Avec en filigrane un homme : le sélectionneur Sven Vantourenhout.

Les Belges, déçus, ont tous convenu que le plus fort avait gagné. Julian Alaphilippe portera le maillot arc-en-ciel douze mois de plus.


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Une sélection ambitieuse mais inexpérimentée

Parmi, les huit noms couchés sur la liste de départ par Sven Vantourenhout, Tiesj Benoot affichait le plus d'expérience avec quatre participations aux championnats du monde. C'est assez peu, surtout quand on doit gérer la pression d'évoluer à domicile. La présence d'un Philippe Gilbert ou d'un Greg Van Avermaet rompus à l'exercice aurait peut-être changé la donne ou tempérer l'enthousiasme de certains éléments très motivés et survoltés par l'ambiance.

C'est sans doute ce qui a poussé Tim De Clercq à se positionner très tôt en tête de peloton. C'est sans doute ce qui a poussé Yves Lampaert et Victor Campenaerts à appuyer fort sur les pédales dans les circuits de Louvain. Tiesj Benoot est d'ailleurs intervenu pour calmer les ardeurs des maillots bleus cerclés de noir de jaune et de rouge. A cet instant, il restait encore 100 kilomètres. "Les oreillettes auraient pu tempérer certains, peut-être un peu trop poussés par le public et la pression de la presse", notre consultant Gérard Bulens.

Philippe Gilbert est plutôt d'accord avec cette analyse : "C’est certainement un manque de communication, c’était le cas déjà aux championnats d’Europe. C’est certainement le cas ici aussi. Après, moi je ne suis personne pour remettre en cause les gens en place. C’est à la fédération d’analyser l’échec."

Le rôle de Remco

Électron-libre à Tokyo, Remco Evenepoel avait promis de se mettre au service de van Aert. Il a tenu parole. Très en jambes, il a sauté dans la roue de Benoît Cosnefroy à 180 kilomètres de la ligne. Présent dans un très solide groupe de 15, en contre derrière l'échappée matinale, il n'a jamais épargné ses efforts. Il a ensuite pris le temps de récupérer avant le deuxième "détour" par Overijse et son circuit flandrien. Il s'est accroché avec les meilleurs et s'est mis à plat ventre lors du retour vers Louvain. "La Belgique a fait la course presque parfaite. J'ai fait ce qu'on m'a demandé. Wout m'a dit de rouler à bloc d'Overijse à Louvain pour augmenter l'écart avec le 2e groupe. Il y avait encore Stuyven et van Aert. C'était à moi de le faire. Je me suis vidé pour le faire. Je ne pouvais rien faire de plus", a-t-il réagi à notre micro.

Aurait-il pu s'économiser un peu plus ? Il a tout donné pour l'équipe avec beaucoup de cœur. Le plan belge était très clair. A tel point que dans ce moment de la course, les Belges sont les seuls à ne pas être descendus à la voiture. "Remco a roulé très généreusement en tête, peut-être trop", analyse Gérard Bulens. "Il a fait ce qu'on lui a demandé. Mais difficile de se prononcer sans connaître le plan. Avec Campenaerts et Stuyven, c'était l'un des meilleurs belges".

"Je ne dis pas que l'équipe belge a mal couru. Elle aurait pu agir un peu différemment à certains moments. Mais c'est facile à dire quand on est assis en cabine", complète notre consultant Cyril Saugrain.

Comme souvent quand les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, les regards se tournent vers le sélectionneur. Déjà ciblé pour la tactique défaillante aux Jeux, Sven Vantourenhout doit s'attendre à essuyer quelques critiques dans les prochains jours. Au moment de la sélection, il avait notamment affirmé que "Wout n'avait pas besoin d'un capitaine de route". Peut-être que cela aurait quand même été utile finalement. 

Van Aert n'avait pas les "super jambes"

"On a fait une belle course, on n'a toujours eu le contrôle, mais Julian a été plus fort et Wout pas au top. Je termine 4e, je suis très déçu", glisse Jasper Stuyven, qui évoluait à domicile.

"C’est une déception parce que toute l’équipe était là, mais moi je n’étais pas là dans le final", a reconnu, très honnêtement, Wout van Aert. Il a voulu assumer son rôle de leader jusqu'au bout. Avant de peut-être se rendre compte qu'il serait trop court. Le "sacrifice" de Remco a pesé lourd dans le final. Mais - même en s'économisant - le coureur de Schepdaal aurait-il pu contrer Alaphilippe ? Personne ne peut l'affirmer. WVA constituait le plan A et il n'y avait pas de plan B ou il a été activé trop tard. Stuyven a joué sa carte pour décrocher une médaille mais là aussi il a manqué de jus pour conclure.

La tactique peut être aussi fignolée que possible à la fin ce sont encore les jambes qui parlent. Et Julian Alaphilippe était clairement et indiscutablement le plus fort. "Alaphilippe avait plusieurs cartouches. Il a même rechargé en cours de route, je pense", argumente Bulens avec le sens de la métaphore.

"On n'a pas trop respecté le plan, mais bon ça a marché" a lancé un Alaphilippe hilare à Thomas Voeckler. Le sélectionneur français a d'ailleurs confirmé que son coureur avait fait tout le contraire (ou presque) de ce qui était prévu.

Quand on est le plus fort, on peut se permettre de s'écarter du tableau noir.

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