Développer des ressources contre le stress
C'est un signe du temps, le mot 'stress' vient de plus en plus tôt dans la bouche des enfants. Dès qu'ils entrent dans le système d'évaluation, de notation, ils ressentent ce stress. Les parents sont stressés, les enseignants sont parfois tendus aussi, cela entraîne des boucles négatives. Dans ce contexte, comment favoriser l'épanouissement des qualités et capacités d'attention, d'ouverture, de bienveillance, qui existent déjà chez les enfants ?
On sait que si l'enfant est exposé très jeune à un stress important, cela va se marquer au niveau neuro-anatomique et favoriser l'apparition de la dépression plus tard. Il est donc très important de les protéger du stress et de les éveiller aux ressources de résilience qui sont déjà en eux.
Ilios Kotsou prend l'exemple de ces jeunes qui militent pour Occupy for Climate : "Ils ont leur boussole intérieure clairement bien placée, ils sont bien reliés à eux-mêmes et bien reliés aux autres et à l'environnement. C'est l'importance du triple lien, le lien à soi, le lien aux autres et le lien à la nature. Ceci dit, ce n'est pas parce qu'on est engagé qu'on peut se passer de pratique contemplative." On peut aussi être déprimé parce que les enjeux sont tellement importants face à un monde politique tellement apathique.
"La contemplation, ce n'est pas se replier sur nous-mêmes mais c'est retrouver en nous ces ressources, ces racines profondes qui vont nous connecter aux autres et nous donner l'énergie d'aller de l'avant dans l'action."
Méditation ne veut pas dire obligation
La méditation ne doit pas être vue comme une nouvelle obligation à imposer aux enfants. Les parents doivent incarner cette manière d'être, parce que les enfants apprennent de ce qu'ils vivent avec eux. Il vaut donc mieux la pratiquer de manière joyeuse, en s'amusant.
Candice Marro, présidente de l’Association pour la Méditation dans l'Enseignement, est à l'initiative du programme de méditation en pleine conscience PEACE, en milieu scolaire et éducatif.
Que ce soit en classe ou en famille, les enfants réagissent de façon diverse à cet apprentissage. Certains manifesteront une ouverture, une prédisposition, une envie d'explorer leur respiration, de comprendre ce qu'ils ressentent et de savoir ce qu'ils peuvent faire quand ils ne se sentent pas bien. D'autres le prendront avec réticence, soit parce qu'ils ont un a priori véhiculé par les parents, soit parce qu'étant hyperactifs, ils craignent de devoir rester calmes, explique Candice Marro. Cela dépendra de la façon dont le parent ou l'éducateur présentera les choses.
La méditation c'est une manière d'être présent, à soi, aux autres, à l'environnement, aux sons, aux lumières, donc il est possible d'y inclure du mouvement, de la dynamique, et de mobiliser tous ses sens.
La recherche de l'apaisement
Il ne s'agit pas de calmer les enfants mais de les apaiser pour qu'ils soient vivants, confiants et joyeux, précise Ilios Kotsou. Le but n'est pas d'en faire des petits moines, ni des machines à apprendre. Mais quand on est apaisé, on entre mieux en relation avec les autres, avec les parents, et l'apprentissage en est une conséquence secondaire. Lorsque le climat de classe s'améliore, l'apprentissage se passe mieux également. Il y a davantage de cohésion dans la classe, en famille. L'enfant a plus de ressources pour se réguler lui-même.
La méditation peut même se pratiquer en crèche, avec une pédagogie très adaptée : par des petits gestes, ludiques et vivants, ou par des mots mis sur des émotions. Ilios Kotsou est très surpris des enfants de 4 ou 5 ans "qui peuvent déjà comprendre que ce qu'il y a dans leur tête n'est pas toujours vrai ni toujours utile. Ils apprennent à leur âge déjà qu'on a des lunettes, colorées par les peurs qu'on a pu avoir et qui nous font regarder le monde d'une manière différente."
La méditation peut aussi aider les enfants à accepter la nouveauté, à sortir de leur zone de confort, sous la protection d'un parent ou d'un enseignant bienveillant.
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