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Molenbeek : un centre pour demandeurs d’asile en partie fermé sur ordre de la commune

L’ancien home Sebrechts devenu aujourd’hui un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Molenbeek

© Google Street View

Par Bruno Schmitz avec Belga

La commune de Molenbeek a brusquement démarré ce mercredi matin l’évacuation d’un centre d’accueil de 438 demandeurs d’asile. L’opérateur fédéral Fedasil refuse de coopérer à l’expulsion et qualifie la décision de la bourgmestre Catherine Moureaux (PS) "d’inhumaine".

Ce bâtiment, un ancien home situé Avenue François Sebrechts, a été ouvert dans la foulée de la guerre en Ukraine, pour permettre de faire face à l’afflux de réfugiés en provenance de ce pays. Mais quelques mois plus tard, Fedasil a commencé à héberger aussi sur place des réfugiés en provenance d’autres pays, faisant du bâtiment un centre d’accueil de plus longue durée.

Ces personnes sont totalement innocentes et sont victimes d’une situation qui n’a rien à voir avec elles. C’est inhumain

Les tensions ont alors commencé avec la commune de Molenbeek. "L’installation d’un deuxième centre Fedasil, dans le home Sebrechts, s’est faite au mépris total de la situation socio-économique et financière difficile de Molenbeek. Cette installation s’est faite également à l’encontre des règlements urbanistiques en vigueur à Bruxelles", indique la bourgmestre Moureaux dans un communiqué. Molenbeek a d’ailleurs porté l’affaire en justice et a eu gain de cause fin de l’année dernière, en première instance et en appel. Le centre d’accueil devait être évacué. Mais entre-temps, Fedasil a de nouveau demandé un permis d’urbanisme pour régulariser la situation et donner une nouvelle destination à l’ancienne maison de repos. "Le permis d’urbanisme est en cours de traitement par la région", précise Mieke Candaele, directrice de la communication de Fedasil. "Mais entre-temps, une situation totalement dangereuse se crée. Nous devons résoudre cela, mais pas de cette manière. Nous faisons des efforts permanents pour entrer en dialogue avec la commune et la bourgmestre. Je n’ai jamais rien vécu de tel en vingt ans d’existence de Fedasil. Ces personnes sont totalement innocentes et sont victimes d’une situation qui n’a rien à voir avec elles. C’est inhumain".

 

 

En sursis pour encore un petit mois

Fedasil qui précise encore que parmi les réfugiés hébergés sur place, personne ne se retrouve pour l’instant à la rue. "Si les deux étages sur lesquels on a posé des scellés ne sont pas rouverts, on relogera les personnes qui avaient leurs chambres à cet endroit dans d’autres parties du bâtiment", indique-t-on encore chez Fedasil.

Molenbeek demande une fois de plus à être comprise, respectée et, surtout, soutenue par l’État fédéral

Mais le répit pourrait être de courte durée. Dans son communiqué, la bourgmestre de Molenbeek indique que "la commune a choisi l’évacuation par étapes. Elle sera complète au 13 juin. Un calendrier a été fourni à Fedasil. La commune garantit de cette manière une intervention en toute sécurité et dignité des personnes. De plus, cette méthode donne l’occasion à Fedasil de s’organiser pour le relogement des personnes dans son réseau d’accueil. Nous rappelons à nouveau que Molenbeek est une commune hospitalière, qui accueille à elle seule déjà une majorité des sans-papiers présents à Bruxelles, ainsi que le plus grand nombre d’occupations temporaires de Belgique. Molenbeek demande une fois de plus à être comprise, respectée et, surtout, soutenue par l’État fédéral".

Bref, le bras de fer continue entre Molenbeek et Fedasil, avec au milieu de tout cela quelque 400 réfugiés qui devront peut-être trouver bientôt un nouveau toit. Alors que les autres centres Fedasil sont pleins, confirme encore l’agence fédérale pour l’accueil des réfugiés en Belgique.

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