Moins d'élèves dans les écoles techniques et professionnelles : dommages collatéraux de la crise Covid

Les filières qualifiantes, pourvoyeuses d'emploi, de plus en plus délaissées par les jeunes

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Par Jean-Christophe Willems

Des sections qui ferment dans les écoles faute d'élèves, des situations financières qui se détériorent pour certains établissements scolaires : ce sont des situations qui se multiplient depuis deux ans. C'est que les filières qualifiantes traînent injustement la mauvaise réputation de second choix, là où on retrouve les enfants en difficulté dans l'enseignement général.

Mais cela n'explique pourtant pas la soudaine diminution de fréquentation de ces écoles en un an à peine : 1 à 2 % d'élèves en moins, voire plus pour ceux qui passent du général au qualifiant après la deuxième secondaire. Pour comprendre, il faut sans-doute chercher du côté de la crise sanitaire, encore elle, ou plutôt de ses effets collatéraux.

Moins de redoublements = moins de réorientation

L'année scolaire dernière, une circulaire ministérielle avait fait couler beaucoup d'encre. Elle stipulait que le redoublement devait devenir l'exception, à cause d'une année de cours perturbée par le Covid et l'enseignement à distance. Résultat : on est passé de près de 14 % de redoublement dans le secondaire à... 6,2 % !

Ainsi, de nombreux élèves qui auraient du réorienter leur cursus scolaire ont continué dans l'enseignement général. "Dans notre réseau, qui représente un élève sur deux, le nombre d'étudiants en enseignement qualifiant a diminué de 1 à 5 %", explique Christian Carpentier, du SEGEC, le Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique. "Cela s'explique de deux manières : les écoles ont eu moins de temps et de possibilités pour accompagner les élèves dans leur projet de réorientation, et les conseils de classe ont été bienveillants."

Mais, pour avoir pris le pouls dans une dizaine d'écoles de la fédération, il semble que la filière professionnelle soit plus impactée que la filière technique, même si la situation diffère fortement d'un établissement à l'autre. "Sur le bassin liégeois, nous avons deux écoles qui proposent une formation de technicien en informatique. Notre établissement compte plus de 30 élèves en 3° alors que l'autre se trouve sous la norme du maintient de la section", constate Pierre-Henri Defays, directeur de l'Institut Saint-Laurent de Liège.

De plus, au sein d'un même établissement, certaines options attirent plus que d'autres. Olivier Callens, directeur de l'Institut Saint-Joseph de Ciney, nous explique que son établissement se porte bien mais nuance : "En troisième professionnelle, là, cela s'écroule. Par contre, on fait le plein en technique de qualification électromécanique, avec 35 élèves. Et à côté de cela, en technique scientifique, on a que deux élèves !"

Difficile donc de généraliser la situation à toutes les écoles qualifiantes. Reste que les chiffres indiquent clairement une baisse de fréquentation de ce type d'enseignement, et les mesures politiques prises pendant la crise sanitaire n'y sont pas étrangères.

A voir aussi, ce reportage du 21 décembre :

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