Les réunions se sont succédées cette semaine a l'ONU. Parmi elles, une rencontre un peu différente qui a eu lieu ce jeudi, à l'initiative de la Belgique et du Maroc. Cette fois, ce sont des acteurs de terrain, actifs dans le domaine de la déradicalisation qui ont pris la parole, pour nourrir la réflexion des États présents sur la manière de lutter contre ce phénomène dans leur propre pays.
Mobinodine Saikh s'est entre autre exprimé devant un parterre de chefs d’États. Ancien djihadiste. Après une adolescence difficile au Canada, il part au Pakistan, où il rencontre les talibans. Il se radicalise, et devient recruteur.
Le déclic
Mais les attentats du 11 septembre 2001 vont le bouleverser. C'est le déclic: il étudie le Coran, et se déradicalise.
Il a accepté de partager son expérience aux Nations unies pour, dit-il, qu'on passe a l'action après les grands discours. Il pointe la responsabilité des musulmans dans ce défi. "C'est facile de dire qu'il faut de la cohésion sociale, de l'aide économique, explique Mobinodine Saikh au micro de notre envoyée spéciale. Chaque pays fait face à ce genre de problème."
"Les extrémistes causent des problèmes à la majorité des musulmans"
"Je crois que ce sont les musulmans eux-même qui doivent se mobiliser, ajoute-t-il. Ce n'est pas au gouvernement à dire aux musulmans ce qu'ils doivent faire. Et puis, les musulmans extrémistes doivent être isolés. Ils causent des problèmes à la majorité des musulmans qui sont pacifiques, qui obéissent aux lois. Je crois donc qu'ils faut isoler les extrémistes et renforcer."
À notre grande surprise, il sait parfaitement ce qui se passe chez nous, en Belgique : les arrestations, les dossiers à charge de Sharia4Belgium... Et ne se montre pas tendre envers ses anciens compagnons. "Il y a une situation préoccupante avec ces déviants. Car ce sont des déviants, s'exclame-t-il. Même selon l'islam, ce sont des déviants."
"Le gouvernement fait un bon travail. Il neutralise ces cellules sans mettre en cause toute la communauté musulmane. Ces extrémistes malmènent toute la communauté, ils tyrannisent les musulmans dans leur propre mosquée. Ils tyrannisent également la société, car on ne peut pas les éviter dès que vous sortez
Ces personnes doivent être maîtrisées fermement."
Aujourd'hui, Mubinodine Shaikh travaille pour les services secrets canadiens. Il a participé a des missions d'infiltration et étudie la communication djihadiste sur les réseaux sociaux pour mieux comprendre la radicalisation et tenter de la neutraliser.