S'il devait rester le moindre doute sur l'image qu'elle porte, voilà qui est dit. Michelle Martin, huée, agonie d'injures, sait à quoi s'en tenir. Elle comptait sans doute sur la nuit tombée pour faire une entrée la plus discrète possible au couvent des sœurs Clarisses. Mais 200 personnes environ l'attendaient à Malonne.
S'échauffant d'abord au passage de chaque véhicule de police. Courant ensuite dans les rues du village pour tenter de contourner un dispositif de sécurité lui-même en butte à la rancœur populaire.
Au moment où Michelle Martin a dû traverser le village, quand elle est passée en voiture à quelques pas des manifestants, ils ont déversé, sans aucune retenue, la haine qu'elle leur inspire.
Cette nuit, dans l'abri que lui ont concédé les Clarisses, elle a passé ses premières heures hors de prison. Mais la porte du couvent qui s'est refermée sur elle n'est pas prête à s'ouvrir. Cette barrière ne la garde pas seulement enfermée : elle la protège désormais aussi de l'hostilité qu'elle rencontrerait au-dehors.
Carl Defoy