Au fil des semaines, l’annonce de l’arrêt de Michel Preud’homme était devenu un secret de polichinelle. L’intéressé avait beau garder le secret, même avec certains membres de son staff ou de son cercle d’amis, le suspense n’était vraiment plus de mise. D’autant que dans le milieu du foot, les agents savaient que le Standard cherchait un coach. Benjamin Nicaise, le directeur du recrutement, a d’ailleurs reçu pas mal de candidatures sur son bureau.
Selon nos infos, Michel Preud’homme a enregistré sa capsule-interview pour Standard TV à la mi-mai, dans les travées des loges de Sclessin. Mais c’est, semble-t-il, dès le début de son confinement en mars, à Knokke, que l’intéressé a pris la décision d’arrêter comme coach au Standard. Il a averti aussitôt ses dirigeants. Lesquels auront donc eu largement le temps de lui chercher un successeur. A l’analyse, Preud’homme n’aura donc pas réussi son "come-back" dans le club de son cœur. Après des mois de négociations, le président Bruno Venanzi l’avait convaincu de revenir à Sclessin en 2018. Il est vrai que le plantureux contrat de quatre ans qui lui était proposé était de nature à persuader les plus récalcitrants. Le retour du héros au bercail avait de quoi séduire les supporters, eux qui n’avaient jamais oublié le titre ramené par MPH en 2008, après un quart de siècle d’attente. Mais les résultats n’ont pas correspondu aux espérances…
Troisième lors de sa première saison, le Standard était 5ème au moment de l’arrêt du championnat après 29 journées de phase classique. Ajoutez-y deux éliminations au niveau des poules en coupes d’Europe et vous obtiendrez un bilan sportif somme toute assez mitigé…
Un homme et un coach usés
Mais le coach et l’homme semblaient un peu usé, parfois même aigri dans certains de ses propos. Avec les mêmes cibles, récurrentes: la presse, certains consultants, l’accueil des supporters dans les stades, quelques décisions arbitrales. Moins conquérant qu’à son époque brugeoise, émoussé par ces longues années de "coaching", rongé par le stress, fatigué des critiques, Preud’homme prenait aussi de plus en plus comme une corvée toutes les contraintes médiatiques : conférences de presse, interview avant et après les matchs. Et, surtout, on ne l’a pas toujours senti en phase avec son vestiaire. Un groupe qu’il n’avait pas façonné à son idée, comme à Bruges par exemple. Même si le dernier "mercato" estival avait été plutôt ambitieux malgré le difficile contexte financier.
Mais entre lui et Mehdi Carcela, par exemple, ce ne fut jamais le grand amour, on le sait. L’un joue d’instinct, parfois à sa guise, n’est pas ponctuel ; l’autre exige discipline et rigueur. Cela ne pouvait pas coller entre ces deux là….
Tout cela a nourri la réflexion du coach liégeois et l’a donc amené, à 61 ans et demi, à prendre un peu de recul. Il devient le conseiller sportif du club, un rôle plus effacé, parfois même à distance vu qu’il va repartir à Bordeaux quelques semaines auprès de sa compagne. Mais le lien avec le club n’est pas (encore ?) définitivement cassé. Il n’en demeure pas moins administrateur et vice-président. Et, on le sait depuis, vendredi, actionnaire de la société immobilière qui devrait racheter le stade d’ici la fin du mois.
Un coach français comme successeur ?
Preud’homme s’en va donc mais qui va arriver pour lui succéder ? La piste en interne semble s’éloigner. Mbaye Leye n’est pas encore prêt estime-t-on du côté de la direction liégeoise. Même si certains à Sclessin y ont pensé, évidemment. Mais c’était sans doute un an trop tôt pour l’ancien attaquant sénégalais. Victime des circonstances, en quelque sorte. Le nouveau coach devrait être présenté mercredi. La piste française semble encore et toujours de mise. Avec un coach libre de contrat. Un accord aurait été trouvé fin de la semaine dernière avec le lauréat pour un contrat d’un an. Avec l’assentiment de tous les décideurs dans ce dossier.