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Mexico 86 : les Diables rouges étaient aussi dos au mur… et l’ambiance était tendue dans l’équipe au 1er tour

L'oeil dans le rétro

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Quand tout va mal, parfois, on peut quand même s’en sortir. Les Diables rouges sont au pied du mur. Certaines tensions ont émergé dans le vestiaire mais les joueurs ont mis les choses au point entre eux. Une agitation qui n’est pas une première dans l’histoire de l’équipe nationale belge. La première fois, c’était il y a 36 ans et cela s’était plutôt bien terminé.

L’épopée des Belges de Mexico 1986 a marqué le pays. Les Diables rouges avaient terminé 4e de la compétition. Seule la génération actuelle a fait mieux il y a quatre ans en terminant 3e. Mais ce qu’on oublie parfois, c’est le début du parcours des Diables rouges qui commencent par affronter le pays organisateur, le Mexique. Score final : 2-1 pour les Mexicains. Une défaite logique chez le pays organisateur, devant plus de 100.000 supporters déchaînés.

Les Belges se reprennent et gagnent leur deuxième match, mais 2-1 face à l’Irak. C’est tout sauf glorieux. Une victoire au troisième match contre le Paraguay, enverrait l’équipe en huitièmes de finale.

Mais contre le Paraguay, la Belgique ne fait pas mieux qu’un match nul : 2-2.

Un parcours inespéré jusqu’à la demi-finale

Les Diables terminent… 3e du groupe mais la chance est avec nous, parce qu’à l’époque il y a 24 équipes et non 32. Les meilleurs troisièmes sont donc qualifiés : avec un bilan pour le moins mitigé, une victoire, un nul et une défaite, la Belgique va donc affronter en huitième l’impressionnante équipe d’URSS. Et à 19h30, le 15 juin 1986, le présentateur du JT Georges Moucheron ne se montre pas optimiste : "Après ce qu’on a vu des deux équipes au tour éliminatoire, on ne peut franchement pas donner très cher de la peau des Diables rouges". "Certainement mais un match de football doit être joué : est-ce que ce sera la meilleure équipe soviétique ou la plus mauvaise équipe belge ? Cela peut être l’inverse, espérons-le" lui rétorque Théo Mathy. Une séquence qui prouve que si certains essaient de positiver, en majeure partie, les Belges n’y croient guère.

Dès lors, les supporters ne sont pas très nombreux à allumer leur télévision à minuit en pleine semaine pour suivre ce match-là. Au départ pourtant, pas d’illusion : l’URSS mène 1 à 0 et on ne voit pas trop comment on va inverser la tendance. On tremble à chaque fois que les Soviétiques s’approchent de notre but, à commencer par le commentateur du match, Franck Baudoncq.

Mais les Diables surprennent : ils s’accrochent et le fameux centre en banane de Vercauteren va surprendre la défense soviétique. C’est alors que le match s’emballe : à la fin des 90 minutes, c’est 2-2. Direction les prolongations. Les Belges l’emportent finalement par 4 buts à 3. Jamais personne n’aurait prévu un tel scénario.

On connaît la suite : une semaine plus tard, il y a foule devant le petit écran pour assister à la victoire contre l’Espagne aux penaltys tout au bout de la nuit, car ce match-là avait également lieu à minuit. Il faudra l’Argentine de Maradona pour stopper en demi-finale ces Diables devenus les héros de tout un peuple, comme le prouvera leur incroyable bain de foule sur la Grand-Place.

Jean-Marie Pfaff à la Coupe du Monde 1986 contre l’Argentine.
Jean-Marie Pfaff à la Coupe du Monde 1986 contre l’Argentine. © Schlage/ullstein bild via Getty Images

Une ambiance délicate dans le groupe

Ces images sont entrées dans l’histoire, mais on se souvient en effet moins de ces qualifications poussives et médiocres. Ce qui résonne évidemment avec la situation des Diables au Qatar.

Tout n’est cependant pas identique à Mexico 86. La différence c’est que nous n’avions pas d’ambitions démesurées avec ces Diables-là. Une équipe solide en défense qui procédait surtout par contre-attaques, la demi-finale de 86 était totalement inespérée, c’est d’ailleurs cette divine surprise qui crée un fol enthousiasme.

Il existe néanmoins une ressemblance avec 2022 : c’est qu’au premier tour, l’ambiance est détestable dans l’équipe. On s’engueule copieusement. La nonchalance de l’avant-centre Erwin Vandenbergh agace et le caractère du milieu de terrain René Vandereycken lui vaut d’être renvoyé au pays. Avant le match contre l’URSS, l’entraîneur Guy Thys fait le ménage, remanie sa défense et lance des jeunes comme Patrick Vervoort ou Stéphane Demol.

Au fond, la leçon de 1986, autant s’en souvenir, c’est que les choses les plus mal engagées peuvent parfois réussir, comme cette nuit du 15 au 16 juin 1986. Il est 2h du matin, le débrief du match se termine, sur le plateau, Toots Thielemans, un des invités, se lève, l’harmonica à la main : "Allez une petite brabançonne pour les Belges". Les notes de l’harmonica de Toots Thielemans résonnent dans une nuit claire et joyeuse. Le temps est suspendu. C’est sûr il fera beau demain…

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