La cour d'assises de Bruxelles a entendu, mardi, le long témoignage de deux policiers spécialisés dans la traite des êtres humains et les réseaux de prostitution. Ceux-ci ont exposé tout le fonctionnement de la filière de prostitution subsaharienne et évoqué les quelques contacts qu'ils ont pu avoir avec la victime. Dans ce procès, un jeune homme est accusé du meurtre d'Eunice Osayande, une prostituée nigériane de 23 ans, commis à Schaerbeek en 2018.
Etablir un lien de confiance avec elles
"Nous nous rendons plusieurs soirs de la semaine dans le quartier de la prostitution à Bruxelles pour voir si de nouvelles filles sont éventuellement arrivées et essayer d'établir un lien de confiance avec elles. On sait qu'elles sont en situation irrégulière en Belgique, mais nous ne contactons pas l'Office de Étrangers dans un premier temps", a expliqué l'un des policiers.
"Parfois, ces premiers contacts sont agressifs. Il faut savoir que les réseaux auxquels ces filles appartiennent leur apprennent des mécanismes de défense à utiliser dans les pays où elles sont envoyées, si elles sont approchées par la police. Cela rend notre tâche très difficile et il faut souvent plusieurs tentatives avant d'établir un contact. Mais Eunice ne s'est jamais montrée agressive. Elle était fermée, elle nous disait qu'elle n'était pas victime, mais elle a toujours coopéré", a déclaré le second policier.
"Nous l'avons contrôlée à deux reprises. La seconde fois, en mars 2018, elle était dans une carrée plus isolée qu'avant dans la rue Linné. Les seules carrées proches étaient occupées par des Belges qui ne travaillaient pas la nuit. Or, entre prostituées nigérianes, il y a un genre de contrôle social qui s'opère", a-t-il dit.
Améliorer la sécurité de tous dans ce quartier
Interrogé sur l'émoi que le meurtre d'Eunice a provoqué parmi les prostituées du quartier Nord de Bruxelles, l'enquêteur a déclaré qu'il a en effet poussé les autorités à mettre de nouveaux dispositifs en place. "Ça a alerté le politique, comme quoi la situation était en train de s'aggraver. Une étude universitaire au sujet de la prostitution subsaharienne a aussi été lancée et un projet a été mis sur pied au niveau de la police locale pour améliorer la sécurité de tous dans ce quartier. Il n'a pas encore pu être mis en œuvre. Tout est une question de budget", a-t-il répondu.
Eunice Osayande, une prostituée nigériane de 23 ans, avait été tuée à coups de couteau dans sa carrée située rue Linné à Schaerbeek, durant la nuit du 4 au 5 juin 2018. L'accusé est un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui était mineur au moment des faits.
Il a été arrêté le 20 juin 2018. Après avoir tout d'abord nié toute implication, il est passé aux aveux, expliquant son geste par un différend dans le cadre d'une relation sexuelle tarifée avec la victime. Il a déclaré s'être défendu parce que la prostituée le chassait violemment, précisant qu'il n'avait pas l'intention de la tuer.