Si son héroïne est pure invention, les événements contés par Lionel Duroy sont loin de la fiction. Méconnus par la majorité, les massacres perpétrés par l’armée roumaine sont bien réels. Alliée de la Wehrmacht, l’armée sous le commandement de Ion Antonescu a exterminé 400.000 juifs dans la zone de l’Ukraine actuelle. Jusqu’à aujourd’hui, ces évènements ont été mis au compte de l’armée allemande. Mais le travail récent de quelques historiens et la publication il y a plusieurs années des écrits de Matatias Carp, avocat relatant en 3 volumes tous les actes de l’armée roumaine, ont permis de remettre en lumière l’implication du pays. Une implication méconnue par les Européens de l’ouest mais surtout de la Moldavie, de l’Ukraine et de la Roumanie. Une ignorance alimentée par l’exécution de Ion Antonescu en 1946 et l’absence totale de procès. Si Nuremberg a permis à l’Allemagne d’écrire l’histoire de la Shoah, la Roumanie n’a connu aucun acte de reconnaissance similaire. Et si les romans d’Aharon Appelfeld et Edgar Hilsenrath aurait dû nous permettre de comprendre ce qu’il s’est déroulé du côté roumain, ils n’ont malheureusement jamais été traduits en Roumanie.
Aujourd’hui, le travail de mémoire évolue en Roumanie. Le roman "Eugenia" de l’auteur, traduit en roumain, a permis une certaine prise de conscience dans le pays. Et ce bien qu’il soit, selon Lionel Duroy, "très difficile pour les Roumains d’admettre, tant d’années après, une histoire aussi difficile pour eux".
"Mes pas dans leurs ombres" est disponible depuis le 26 août aux éditions Mialet et Barrault.