Cinéma

“Mes frères et moi”, un récit initiatique à découvrir au Festival Cinéma Méditerranéen de Bruxelles

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Par Adrien Corbeel

Présenté en ouverture du Cinemamed, le premier long-métrage de Yohan Manca donne un peu de beauté et de sincérité à un récit initiatique familier.

Il n’y a rien de particulièrement original dans l’intrigue de "Mes frères et moi". Comme une pléthore de films allant de "Billy Elliot" à "Sing Street" en passant par "Cinema Paradiso", il est question d’un adolescent issu d’un milieu défavorisé qui, au contact d’une forme d’art, prend conscience de son talent. Pour certains c’est la danse, pour Nour, 14 ans, qui vit au bord de la mer Méditerranée avec ses trois frères aînés et sa mère mourante, c’est l’opéra. Avec l’aide de Sarah, une chanteuse lyrique qui anime un cours d’été, le garçon découvre d’autres horizons, malgré la pression familiale. A priori, rien de nouveau sous le soleil du film initiatique.

Pourtant, "Mes frères et moi" parvient à tirer son épingle du jeu, entre autres grâce à la réalisation soignée et mouvementée de Yohan Manca, qui signe ici son premier long-métrage. On peut notamment évoquer son remarquable travail sur l’image : la caméra a beau être instable, chaque plan traduit son regard cinématographique assuré. Avec le chef opérateur Marco Graziaplena, il filme ses personnages souvent à proximité, à l’affût de leurs émois, de leur bouillonnement intérieur, mais aussi des moments de beauté qui peuvent jaillir d’eux, au détour d’un geste ou d’un changement d’octave. Chacun des personnages habite des schémas très familiers (le voyou qui menace l’équilibre de la famille, celui qui tient à ce que tout le monde reste dans le droit chemin, etc.), mais les acteurs, débordants de naturel, insufflent de la vie à ces archétypes et finissent par les rendre attachants.

Le film n’évite évidemment pas certains écueils des récits initiatiques, mais sa façon de garder les pieds sur terre tout en ayant la tête dans les étoiles ne laisse pas insensible. Il y a quelque chose de juste et d’émouvant dans la manière dont l’opéra prend possession de la vie de son protagoniste, lui ouvre d’autres mondes et lui permet d’explorer sa sensibilité. Et il a quelque chose de juste aussi dans l’idée que cette forme d’art n’est pas forcément la solution à ses problèmes, et n’est pas non plus l’échelle qui lui permettra inévitablement de "surmonter" sa condition sociale. "On ne sait pas où ça le mènera, mais maintenant il a le chant pour lui" déclare la professeur de Nour, une réplique qui traduit bien le regard sensible et nuancé de ce film initiatique.
 

Le film est à découvrir le jeudi 2 décembre à 20h30 et le vendredi 3 décembre à 18h45 au Cinéma Palace, en présence du réalisateur. La programmation complète du festival est disponible ici.

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