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Mercato génial, masse salariale minime et stars en feu : voici comment le Napoli domine la Serie A

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Par Giovanni Zidda

56 points au compteur, 13 points d’avance sur son premier poursuivant l’Inter et un jeu pétillant qui fait saliver toute une ville : le Napoli de Luciano Spalletti domine la Serie A sans conteste depuis le début de la saison et fonce vers un titre de champion qui lui échappe depuis 33 ans maintenant. Un scénario limpide inimaginable il y a quelques mois à peine. Entre mercato génial, sacrifices nécessaires et coaching fédérateur : voici comment le Napoli a bâti une équipe pratiquement sans faille.

Départ des cadres et masse salariale réduite à l’os

Avec les départs de Dries Mertens et Lorenzo Insigne, c’est un pan de l’histoire du Napoli qui s’en est allé… mais aussi deux salaires qui pesaient sur les finances du club.
Avec les départs de Dries Mertens et Lorenzo Insigne, c’est un pan de l’histoire du Napoli qui s’en est allé… mais aussi deux salaires qui pesaient sur les finances du club. © Tous droits réservés

Si aujourd’hui tout le monde célèbre les exploits des Partenopei, meilleure attaque (51 buts) et meilleure défense de Serie A (15 buts pris), l’engouement était totalement absent au moment d’entamer la saison.

L’été dernier, les Napolitains avaient en effet opté pour plusieurs séparations douloureuses. Pas de renouvellement de contrat pour Lorenzo Insigne, capitaine charismatique, ni pour Dries Mertens, meilleur buteur de l’histoire du club. Adieux aussi pour Kalidou Koulibaly, le véritable leader de l’équipe, parti à Chelsea, et pour Fabian Ruiz, l’homme à tout faire du milieu de terrain napolitain, cédé au PSG.

Sans ces 4 cadres, impossible d’envisager l’avenir sereinement. Et pourtant. Ces départs se sont avérés indispensables pour rajeunir l’effectif, repartir d’une feuille blanche et réduire brutalement le coût des salaires.

En deux saisons, la masse salariale des joueurs napolitains est en effet passée de 155… à 68 millions d’euros !! En la matière, l’écart entre le club italien et les cadors européens est saisissant : 282M€ de masse salariale au PSG, 253M€ à Chelsea, 250M€ à Manchester United, 232M€ au Real Madrid, 210M€ à Manchester City… 168M€ à la Juventus (NDLR : calculé par SalarySport.com).

L’ovni Kvaratskhelia et le roc Kim, les coups de génie du mercato

Kvicha Kvaratskhelia, le coup de génie du mercato napolitain.
Kvicha Kvaratskhelia, le coup de génie du mercato napolitain. © AFP or licensors

Que faire de tout cet argent épargné ? L’investir évidemment. Et là aussi, le Napoli a posé des choix tout sauf banals.

Pour remplacer Koulibaly, les Partenopei sont allés piocher en Turquie pour recruter Kim Min-Jae, un colosse sud-coréen d’1m90 qui défendait alors les couleurs de Fenerbahçe. Arrivé sur la pointe des pieds contre 18 millions d’euros, le roc sud-coréen s’est vite montré intransigeant et fait l’unanimité dans un championnat à la culture défensive marquée.

Mais le véritable coup de génie du mercato napolitain ou plutôt européen est l’arrivée de l’illustre inconnu Kvicha Kvaratskhelia. Le Géorgien au nom presqu’imprononçable abat tout sur son passage depuis le début de la saison. Meilleur passeur de Serie A avec ses 9 assists, celui que tout le monde appelle 'Kvara' a aussi planté 8 buts en Italie. Un sacré butin auquel on peut ajouter ses deux buts et trois assists sur la scène européenne - où il a fait tourner en bourrique les défenseurs de Liverpool et de l'Ajax - pour un total de 10 buts et 12 assists en 22 matches cette saison.

Maestro dans l’art du dribble, as de l’accélération balle au pied et foudroyant en phase de finition, Kvara végétait pourtant dans le championnat géorgien il y a quelques mois seulement. Intriguant sous les couleurs du Rubin Kazan, il avait dû faire ses valises pour rentrer au pays (au Dinamo Batumi) l’hiver dernier suite au début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Opportuniste, le Napoli a grillé la politesse des cadors européens et importé ce diamant brut de 21 ans pour la modique somme de 10 millions d’euros… Aujourd’hui Kvaratskhelia en vaut 60.

Le lion Osimhen et le savant Spalletti en MVP’s de la saison

Victor Osimhen semble se demander où sont les poursuivants…
Victor Osimhen semble se demander où sont les poursuivants… © Tous droits réservés

Désorientés par autant de changements, presse locale et supporters ont mis quelques semaines à se fédérer autour du nouveau cocktail préparé par le Président Aurelio De Laurentiis et son entourage. L’avant-saison moyenne des Napolitains avait en effet réveillé les sceptiques pendant l’été mais les deux premières sorties du Napoli en Serie A (2-5 contre l’Hellas Vérone et 4-0 face à Monza) ont plaqué les critiques.

Absent pendant de longues semaines la saison dernière – sans quoi le Napoli aurait lutté jusqu’au bout pour le ScudettoVictor Osimhen s’érige en homme providentiel pour finaliser un jeu spectaculaire. Véritable machine à buts, 'le lion' Osimhen martyrise les défenseurs avec son pressing féroce et renseigne désormais 16 buts en 17 matches de championnat (14 lors de 11 dernières rencontres disputées).

Un rendement impressionnant qui ne doit pas masquer la véritable force du Napoli : le collectif. Quand ils étaient privés de leurs deux meilleurs éléments (Osimhen et Kvaratskhelia), les Napolitains n’ont pas accusé le coup, bien au contraire. Giovanni Simeone, Giacomo Raspadori (arrivés aussi cet été) ou encore Eljif Elmas sont sereinement sortis du banc pour pallier brillamment ces absences.

La preuve que personne n’est indispensable dans la machine parfaite bâtie par l’indémodable Luciano Spalletti, esthète du football capable de tirer le meilleur de chacun de ses joueurs. Une mission qu’il a notamment réussie avec le Slovaque Stanislav Lobatka, sans doute le seul titulaire irremplaçable du 11 Spallettien.

Sous-utilisé et anonyme sous les ordres de Gennaro Gattuso les années précédentes, ce petit format d’1m70 s’est transformé en métronome infaillible de l’entre-jeu napolitain. Un chef d’orchestre insoupçonné dont les mouvances rappellent celles de Marcelo Brozovic ou encore David Pizarro, tous les deux façonnés par Luciano Spalletti.

Imiter Maradona 33 ans plus tard et entretenir le rêve européen

Luciano Spalletti, le chef d’orchestre du Napoli.
Luciano Spalletti, le chef d’orchestre du Napoli. © AFP or licensors

Lancé à toute allure vers les sommets de Serie A, le Napoli ne veut pas encore prononcer le mot 'Scudetto' qui résonne comme un tabou. Ces dix dernières années, les Partenopei ont échoué 4 fois à la deuxième place du championnat malgré des campagnes exceptionnelles comme celle de 2017-2018 avec Maurizio Sarri (91 points).

La saison 2022-2023 semble toutefois être la bonne pour ramener le 'Tricolore' sous le Vésuve pour la troisième fois de l’histoire après les succès gravés dans la roche avec Diego Maradona en 1987 et 1990.

Le défi ultime serait même de franchir la barre symbolique des 100 points en championnat, objectif réaliste à ce stade de la saison.

Mais la route est encore longue et passera également par l’Europe. Une Champions League où le Napoli a fait des ravages en début de saison – face à Liverpool notamment – et où il veut, là aussi, imposer sa loi.

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