La résilience, autrement dit la capacité à surmonter les chocs traumatiques, est un terme utilisé de façon excessive depuis le début de la pandémie de Covid-19. Mais avons-nous réellement les armes et les automatismes, qui permettent de faire face aux blessures, mineures ou majeures, qui affectent notre santé mentale ?
Dans l'ouvrage "Surmonter ces petits traumas qui minent notre quotidien", Meg Arroll, psychologue britannique, donne les clés pour mieux appréhender les micro-agressions, les tensions professionnelles, les difficultés financières ou même de simples désaccords, qui peuvent impacter durablement la santé mentale.
- L'être humain a tendance par nature à relativiser ces blessures… parce qu'il y a toujours pire. Comment expliquer ce mécanisme qui pousse la plupart des gens à aller de l'avant et à ignorer ces petits maux du quotidien ?
C'est ce que j'appelle "l'inversion de l'avantage de la misère", c'est-à-dire le mécanisme par lequel nous minimisons notre propre expérience parce que nous sommes des êtres très compatissants, capables d'identifier que d'autres personnes peuvent également éprouver des difficultés. Il s'agit d'une norme sociale répandue qui nous fait rater des occasions de développer des compétences d'adaptation solides. Chaque fois que nous agissons de la sorte, nous nous disons essentiellement que nous ne sommes pas dignes de soins et d'attention. Si, au contraire, nous profitons de ces expériences difficiles pour explorer les moyens d'améliorer notre vie, non seulement nous limitons la probabilité de développer l'un des thèmes énumérés dans le livre mais nous pouvons commencer à nous épanouir.
- Les petits traumas abordés dans le livre peuvent concerner l'amour, l'amitié, l'école, le travail ou même les loisirs. Ils semblent en réalité omniprésents… Peut-on y échapper ?
L'objectif n'est pas d'éviter les petits traumatisme mais plutôt de les utiliser à notre avantage pour construire une boîte à outils psychologique personnalisée et un système immunitaire psychologique résistant. Le traumatisme, qu'il soit grand ou petit, est lié à l'impact qu'il a sur l'individu et non à l'importance que les autres lui accordent. C'est pourquoi un événement qui vous affecte profondément peut ne pas avoir le même impact sur quelqu'un d'autre et vice versa. Il est important d'éviter la honte du traumatisme : si quelqu'un dit qu'il a été blessé ou marqué par un événement, il faut le croire. Les types de petits traumatismes que je vois le plus régulièrement sont des expériences qui font ressentir un sentiment de honte ou de culpabilité. Il peut s'agir de blessures morales, de positivité toxique, de micro-agressions ou de schémas relationnels néfastes tels que le "gaslighting" (une technique de manipulation mentale, ndlr) et le contrôle coercitif.