Médecines non conventionnelles : où en est-on ?

Médecines non conventionnelles, un complément aux médecines traditionnelles

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Il y a 10 ans, Dominique Delaporte créait l’aisbl Reformed, dans le but de faire reconnaître les médecines que l’on appelait à l'époque 'parallèles' ou 'douces' et d’assurer une formation de qualité pour une bonne pratique.

Aujourd’hui, ostéopathie, acupuncture, homéopathie,...
sont des médecines non conventionnelles qui se sont largement répandues.

Et au niveau européen, où en est-on ?

 

En 10 ans, Reformed a travaillé énormément pour la reconnaissance de ces pratiques et pour leur encadrement, afin d'éviter toute dérive qui mettrait en cause la crédibilité de ces médecines. L'aisbl a collaboré avec la Française Isabelle Robard, docteur en droit, avocat au Barreau de Paris, spécialiste en droit de la santé, qui est à l'origine de la centralisation européenne sur les médecines non-conventionnelles. Elle a oeuvré à faire légaliser en 2012 les praticiens qui exercent ces médecines non conventionnelles en France.

Isabelle Robard revient sur l'appellation de ces médecines : "Les adjectifs 'douces', 'alternatives', 'complémentaires' ne définissent rien sur le plan juridique. Dans 'non conventionnelles', il y a convention et convention, c'est le contrat. Le contrat, c'est ce qui lie le praticien de santé à son patient, à son consultant. Et à partir du moment où on est en-dehors du contrat, c'est que ce n'est pas réglementé, ce n'est pas prévu par les textes, par la loi. Comme on avait différentes cultures et différentes réglementations au sein de l'Union européenne, il a fallu trouver un terme commun."

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Médecines non conventionnelles : où en est-on ? © Tous droits réservés

Une ouverture progressive

Un grand changement s'est produit ces dix dernières années : le regard du politique et celui de la médecine traditionnelle sur ces médecines ont évolué. Ils sont devenus plus curieux et plus accueillants, même s'il y a encore beaucoup de travail à faire. De plus en plus de jeunes s'intéressent aux médecines non conventionnelles au niveau de la formation. De plus en plus de médecins généralistes suivent des formations complémentaires en homéopathie, ostéopathie, en phytothérapie, naturopathie...

"Cette ouverture avec les médecins traditionnels est très importante, se réjouit Dominique Delaporte, car on a besoin d'avoir le gage d'un médecin et d'avoir cette entente pour travailler en bonne collaboration. Ça donne des lettres de noblesse à ces pratiques."

Le rôle de Reformed est d'harmoniser tout cela au niveau européen, de construire un tronc commun parmi les formations. Ce tronc commun est en voie d'application dans tous les programmes des écoles membres. L'urgence maintenant est de réimplanter ce travail européen au niveau national, en créant des profils professionnels correspondant à ces formations.

 

La Belgique novatrice

Comme l'explique Isabelle Robard, le coup d'envoi au niveau européen a été cette résolution du Parlement européen qui a impacté toute l'Europe, en commençant par la Belgique et sa loi cadre en 1999, puis l'Espagne, la France.... Il n'y a hélas pas encore suffisamment de dialogue entre les Etats membres. L'Union européenne n'a pas le pouvoir direct de contrer le pouvoir régalien en légalisant ce qui est encore interdit dans l'un ou l'autre pays. Mais via la libre circulation des professionnels, cette harmonisation peut être tentée, par le biais des critères de formation. La communication inter-Etats est fondamentale.

"La Belgique était auparavant très moderne et novatrice. Je pense qu'aujourd'hui, il faut qu'elle reprenne la main. Elle a été un exemple pour l'Europe, tient à saluer Isabelle Robard. Si nous n'avions pas eu les initiatives belges, nous n'aurions pas eu aussi tôt une réglementation française sur l'ostéopathie. (...) Je pense aujourd'hui qu'il faut sortir de la peur, accompagner ce mouvement citoyen belge et européen. Le débat, c'est que fait-on pour accompagner concrètement les citoyens belges vers un libre accès, une transparence, une information, qui permette de donner un cadre et d'éviter des dérives."

Isabelle Robard insiste aussi sur le fait qu'il ne faut pas se couper de la médecine officielle ni opposer les différentes sortes de médecine, mais plutôt chercher à les réunir. Avec l'avantage d'une très grande complémentarité entre ces pratiques non conventionnelles et les médecines traditionnelles.

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