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"Me battre pour les autres ? Le sens de ma vie ! "

Le père Daniel Alliët dans son Eglise du béguinage lors d’une occupation par des sans-papiers en 2008

© RTBF

Par P-Y. M.

Depuis le 23 mai dernier, 450 personnes mènent une grève de la faim sur les sites de l’ULB, de la VUB et dans l’église du Béguinage en plein cœur de Bruxelles. Ils et elles ont commencé cette action dans l’espoir d’obtenir une régularisation collective. Certains sont en Belgique depuis parfois 15 ans et travaillaient au noir. L’église du Béguinage est étroitement liée à l’histoire récente des sans-papiers en Belgique et à leur combat pour une régularisation.

Un lieu symbolique

Ces 23 dernières années, l’Eglise du Béguinage aura été occupée en tout 7 ans par des sans-papiers et aura connu 4 grèves de la faim. A la tête de cette paroisse, il y a un homme, le père Daniel Alliët. Un octogénaire originaire de Flandre orientale qui prend la direction de la capitale il y a 34 ans après avoir été actif au sein du séminaire de Bruges. " Je suis venu dans le but d’aider les plus pauvres" comme il aime le souligner à chaque fois. "J’aurais pu faire comme mon frère et aller prêter main-forte en Amérique latine mais je sentais qu’il y avait aussi des besoins en Belgique et plus particulièrement à Bruxelles". Le prêtre ne cache d’ailleurs pas son engagement, "L’injustice dans le monde, c’est quand même intolérable, c’est ça qui me booste, l’humanitaire me permet de comprendre les questions de la vie".

Une fabrique à sans-papiers

C’est naturellement qu’il s’est dirigé vers l’église du Béguinage dans les années 80, un endroit connu pour ses prises de position, "Avant les combats des sans-papiers, il y avait déjà une tradition d’occupation dans cette église, pour les sans-abri, pour les droits des femmes, c’est dans la tradition de l’Église du Béguinage d’ouvrir ses portes pour ces engagements-là". Peu à peu, l’endroit va devenir "un symbole" dans le combat des sans-papiers pour une régularisation. En 1986, le "Petit Château" situé non loin de là est transformé en centre pour demandeurs d’asile. "Les premières années, seuls 10% d’entres eux étaient reconnus et voyaient leur situation se régulariser" se souvient-il, "C’était une fabrique à sans-papiers. C’est comme cela que le quartier autour de l’Eglise est devenu un endroit pour sans-papiers et on a décidé de se battre avec eux et de commencer plus tard à sensibiliser en occupant l’Eglise du Béguinage", poursuit Daniel Alliët.

Une lutte pour la solidarité

Les occupations, les grèves de la faim, on l’aura compris, le père Daniel Alliët est un homme engagé qui lie la parole aux actes. Il s’occupe aussi des sans domicile fixe. "J’accueille depuis 20 ans des sans papiers et des SDF à la maison, cela m’aide à comprendre leur situation, à voir très concrètement que cette femme ou cet homme a été exploité(e) de manière inhumaine. Le dynamique de ma vie c’est cette lutte pour la solidarité", un engagement qu’il tire sans doute de son histoire personnelle. "Mon père est mort très jeune" confie-t-il, "à l’époque j’ai échappé à la pauvreté parce que ma mère s’est battue mais si elle ne l’avait pas fait, j’aurais sans doute dû vivre dans une extrême pauvreté. Me battre pour les autres, c’est le sens de ma vie".

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