Belgique

Master en médecine à Mons : faute d’accord avec le MR, "il y a un risque très réel de majorité alternative", assure Paul Magnette

L'invité: le président du PS Paul Magnette

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Par Miguel Allo sur base d'une interview de Thomas Gadisseux

Parmi les dossiers qui fâchent en ce moment : le dossier du projet de master en médecine de l’UMons. Rappelons que la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny (MR) a refusé de valider deux nouveaux programmes académiques parmi 57 propositions d’habilitation : le projet de master en médecine des universités de Mons (avec l’ULB) et sur celui d’une spécialisation en médecine générale de l’université de Namur (avec l’UCLouvain). Notons que dans ce dossier les autres partenaires du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le PS et Ecolo sont pour. Et ce gouvernement doit se réunir ce matin pour trouver une solution ce jeudi matin.

Sur la forme c’est totalement inacceptable

Le PS ira-t-il jusqu’au bout dans ce dossier. Paul Magnette, président du Parti socialiste le confirme : "Oui je l’ai dit, on ira jusqu’au bout, il faut ce master en médecine à Mons et à Namur et l’attitude du MR, de ce point de vue, est totalement inacceptable, autant sur le fond que sur la forme. Sur le fond d’abord, il y a une instance d’avis en Communauté française qui s’appelle l’Académie de la recherche et de l’enseignement supérieur (ARES), elle a étudié toutes les demandes de toutes les universités et des hautes écoles et elle dit : voilà toutes les propositions qui sont acceptables. Et le MR dit – non, moi j’en enlève deux -, sans même en discuter au sein du Gouvernement. Sans aucune concertation avec ses partenaires de gouvernement, il décide – j’en enlève deux comme ça, parce que ça ne me plaît pas, parce que j’ai décidé que… -. Donc, sur la forme, c’est totalement inacceptable."

Sur le fond, le président du PS trouve aussi la position du MR totalement inacceptable. Il précise qu’il y a un enjeu majeur de développement de l’enseignement supérieur en général dans le Hainaut. "Le Hainaut subit cette injustice historique, de ne pas avoir d’offre d’enseignement supérieur complète depuis toujours, alors que c’est la province la plus peuplée, c’est une des provinces qui vit les plus grandes difficultés sociales." Or, dit-il, "l’enseignement c’est le levier majeur d’émancipation d’accès à l’emploi."

Et de rappeler qu’un jeune qui n’a aujourd’hui que le diplôme de l’enseignement secondaire inférieur "a 46% à peu près de chance d’arriver à l’emploi." Alors qu’un jeune avec un diplôme de l’enseignement supérieur "a plus de 85% de chance d’accéder à l’emploi."

Développer toutes les formes de formation (promotion sociale, qualifiant, supérieur, etc.) "c’est vital pour le Hainaut".

Face à cela, le président du PS, estime que la position du MR "qui ne parle que d’emplois, de taux d’emplois, s’opposer au développement de ce qui est absolument indispensable pour redresser le Hainaut"… est incompréhensible.

Une majorité alternative ?

Étant donné la position du Mouvement réformateur (MR), le Parti socialiste va-t-il chercher d’autres partenaires pour valider ce dossier ? Une majorité alternative ? Paul Magnette insiste, il ira jusqu’au bout parce qu’il s’agit d’une question de principe. "Si nécessaire, nous proposerons aux Engagés, au sein du Parlement de la Communauté française, de voter ensemble, l’ensemble des habilitations pour que l’ensemble des universités et établissements d’enseignement supérieur puissent développer cette offre dont on a cruellement besoin dans l’ensemble de la Wallonie."

Mais, dit-il, il espère encore que le gouvernement trouvera une solution. Le Gouvernement de la Communauté française [présidé par Pierre-Yves Jeholet (MR)] doit se réunir ce matin. "Je leur demande, instamment, que le MR cesse ce blocage et que l’on attribue ses habilitations."

 

Un gouvernement en sursis ?

Ce dossier est discuté depuis des semaines. Doit-on en déduire que le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles est en sursis ?

Paul Magnette estime que le MR a encore une possibilité de trouver un accord ce jeudi "et j’espère sincèrement qu’ils trouveront un accord." "Si pas, je pense que la semaine prochaine au Parlement de la Communauté française, il y aura des initiatives parlementaires et il y a alors un risque très réel de majorité alternative avec toutes les conséquences politiques que ça peut entraîner."

Le président du PS rappelle que le fond du dossier est de permettre et d’offrir à tous les jeunes qui souhaitent faire des études dans le Hainaut (et notamment des études de médecine) un enseignement de proximité. "Beaucoup de gens ne peuvent pas se payer un kot, ne peuvent pas se payer des déplacements quotidiens pour aller étudier à 50, 60 ou 100 km de chez eux." "Donc, on a besoin de cette offre, en particulier dans les bassins démographiques les plus peuplés."

De son côté, la ministre de l’Enseignement supérieur estime que l’on ne peut plus se permettre des sous-localismes. Du saupoudrage, dit-elle, de l’enseignement supérieur. "Si nous avions la garantie que nous pouvons diplômer davantage d’étudiants alors nous aurions une recommandation positive, mais ce n’est pas le cas."

Pour Paul Magnette cette position est à géométrie variable. "Quand il faut défendre certaines universités à certains endroits, là par contre, ils pensent qu’on peut dédoubler." Cela ne l’empêche pas d’être attentif à l’argument du coût. "Le coût additionnel ici, supposé qu’on l'octroie à 100%, c’est 0,2% du budget de la RTBF. C’est 420.000 euros grosso modo, de coût supplémentaire. C’est un budget extrêmement limité, vu dans l’ensemble des finances de la Communauté française."

Et puis, dit-il, "il y a des solutions, on peut tout à fait discuter".

Le président du PS rappelle que le fond du dossier est de permettre et d’offrir à tous les jeunes qui souhaitent faire des études dans le Hainaut (et notamment des études de médecine) un enseignement de proximité. "Beaucoup de gens ne peuvent pas se payer à un kot, ne peuvent pas se payer des déplacements quotidiens pour aller étudier à 50, 60 ou 100 km de chez eux." "Donc, on a besoin de cette offre, en particulier dans les bassins démographiques les plus peuplés."

Delhaize, le conflit s’enlise

Autre dossier d’actualité, le conflit social chez Delhaize et cela deux semaines après l’annonce de l’entreprise de vouloir mettre sous franchise ses 128 supermarchés en Belgique. Du côté syndical on est inquiet parce que les travailleurs seront livrés à eux-mêmes face à leur employeur et peut-être en partie licenciés. Le PS souhaite agir par la voie législative.

C’est du capitalisme sauvage

Paul Magnette analyse : "On est dans une situation où on a un groupe qui fait d’énormes bénéfices. Qui distribue d’énormes dividendes. Un patron qui augmente son propre salaire de 6 millions d’euros et plus, de 14%. Et donc ici, qu’est-ce qu’ils essaient de faire. "Ils essaient de détricoter, de décomposer le groupe uniquement pour réduire le volume de l’emploi, et pour détériorer les conditions de travail et faire encore plus de profits." Et le président du PS d’ajouter qu’il y aura des licenciements. "Ils licencient puisqu’ils viennent déjà d’annoncer un plan de licenciement pour la partie centrale du groupe. Plusieurs centaines d’emplois vont passer à la trappe."

Pour le président du PS, c’est "totalement inacceptable". "C’est du capitalisme sauvage." Il estime aussi que le groupe détourne toutes les procédures de la concertation sociale. Et de rappeler la procédure Renault. "Et ici, le groupe fait tout pour contourner."

Il y aurait deux choses à faire face à ce constat.

  • Modifier la loi pour faire respecter la concertation sociale.
  • Faire en sorte que le groupe reste responsable de ses travailleurs même après la cession de ses magasins. "Il faut modifier le droit de l’entreprise."

"On est en train de créer une concurrence acharnée qui va tirer tous les droits de tous les travailleurs vers le bas." Changer la loi, permettrait, selon le président du PS, d’éviter que d’autres entreprises procèdent de la même façon.

Paul Magnette ajoute que le risque dans ce dossier est de détricoter "tout ce qu’on a mis des décennies à construire en matière de droit des travailleurs". L’enjeu est dès lors de "défendre l’ensemble des travailleurs du secteur de la distribution et même de l’économie de service".

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