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Maruja, nouvelle sensation jazz-rock de Manchester : "Mais que fait un saxophone dans un groupe de rock ?"

Le groupe Maruja, issu de Manchester, vient de sortir son premier EP "Knacknarea".

© Maruja

Par Renaud Verstraete via

La scène anglaise ne cesse de nous surprendre. Cette fois-ci, cap sur Manchester où le groupe Maruja mélange l’improvisation du jazz et l’énergie suintante du punk. Un mariage entre des guitares explosives et un saxophone envoûtant, aussi explosif que captivant ! Après la sortie de leur premier EP "Knacknarea" en mars dernier, Maruja vient d'être sélectionné pour participer au tremplin du célèbre festival de Glastonbury. Une énième preuve qu'il faudra compter sur cette bande de potes de Manchester dans les mois à venir. 

Rencontre avec Harry (guitare/chant), Matthew (basse), Jacob (batterie) et Joe (saxophone) après une prestation enflammée dans le cadre des Nuits du Botanique.

Hello Maruja, vous venez tout juste de quitter la scène de la Rotonde. Ça s’est passé comment votre première date ici en Belgique ?

Harry : C’est difficile de mettre des mots sur ce qu’on a ressenti ce soir. Cela fait si longtemps qu’on attend de venir jouer ici, le public en Europe est complètement dingue. A Londres et dans beaucoup d’endroits en Angleterre, les gens sont plus réservés et ne se laissent pas la possibilité d’être vulnérable et de montrer qu’ils apprécient la musique.

Matthew : On est super reconnaissants de pouvoir jouer ici en Belgique. Même si je dois avouer que 10 minutes avant de monter sur scène, j’étais toujours en train de faire une sieste dans les loges (rires).

Joe : On s’est levé à 4h du matin en Angleterre et c’était une longue route (rires). Mais ça valait le coup, le public ici est vraiment à l’écoute, même dans les moments plus calmes. Ça nous motive grandement de vivre ce genre d’expériences ! 

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Maruja, ça sonne espagnol. D’où vous-est venue l’idée du nom ?

Harry : J’étais en vacances en famille en Espagne il y a quelques années. On était dans un petit village perdu, pas très touristique. J’ai vu un ancien magasin délabré avec une enseigne qui indiquait "Maruja". Et je me suis dit que ça ferait l’affaire. Il n’y a pas de sens profond derrière notre nom, désolé (rires).

Jacob : C’est marrant, sur internet il y a quelques personnes qui s’amusent à l’interpréter différemment alors qu’en fin de compte ça ne veut tout simplement rien dire (rires).

Vous associez l’improvisation du jazz et une certaine énergie punk. Comment est-ce que vous décrivez votre son ?

Jacob : C’est une question difficile pour nous. On jam beaucoup et on crée des sons différents. Une session de répétition, on partira plus du jazz spirituel puis après une petite pause, on reviendra dans la pièce et on fera une musique hardcore agressive comme le morceau que nous venons de sortir. Je ne sais pas comment définir ce qu’on le fait mais on le fait ! On pourrait dire "alternative experimental jazz punk" quelque chose comme ça (rires).

Harry : On improvise ensemble depuis des années maintenant. C’est presque comme une conversation entre nous tous. Et on ne sait jamais ce qui peut en sortir. Tout dépend de notre humeur du jour et parfois, on a des journées pourries (rires).

Est-ce que vous composez avec l’énergie du live en tête ?

Jacob : Honnêtement, chaque répétition que l’on fait est pour nous une sorte de mini concert. On s’enferme dans cette pièce sale et pleine de sueur et on joue pour nous même et pour les autres. La performance que vous voyez sur scène, on la vit chaque fois que nous répétons ensemble. C’est notre manière d’enregistrer, de répéter et d’écrire notre musique.

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Vous avez sorti un tout nouveau single aujourd’hui, "Zeitgeist", un morceau plus énervé avec des passages rappés. C’est un indice de la direction que vous empruntez ?

Jacob : C’est un morceau qu’on avait composé il y a longtemps et qu’on avait un peu laissé de côté. A la base, il était beaucoup plus lent et plus tranquille. Après le Covid, on a décidé de le revisiter. Joe et moi, on travaillait de nuit à cette époque. Je me souviens qu’un jour en me levant à 19h, j’ai écouté "Bulls on Parade" de Rage Against The Machine. C’était plutôt efficace pour faire face à cette étrange vie nocturne (rires). Tout d’un coup, j’ai eu cette idée d’arrangement. J’ai enregistré un mémo vocal dans le bus et tout est parti de là.

Joe : Tu oublies de dire que tu as essayés de faire du beatbox sur ce morceau (rires).

Jacob : C’est vrai, à un moment, j’ai commencé à beatboxer sur la mélodie et Joe trouvait ça super stylé !

Joe : J’ai essayé de t’enregistrer mais dès que j’ai appuyé sur rec, tu as craqué sous la pression et ça n’a plus rien donné (rires).

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Vous venez de Manchester, y a-t-il une scène alternative qui se développe là-bas actuellement ?

Joe : Quand on a démarré, on rêvait d’avoir une vraie scène et d’avoir des potes qui jouent de la musique expérimentale et bizarre. C’est seulement maintenant que cela commence à se développer et qu’il y a un engouement pour ce genre de musiques ici à Manchester.

Harry : Je pense que la scène mancunienne est devenue un peu suffisante après ce son emblématique des 90’s. Il y avait un peu d’arrogance dans l’air, ce qui n’a pas réellement facilité l’ascension d’artistes émergents. C’est vraiment chouette de finalement voir que notre travail paie et de voir d’autres artistes émerger également !

Jacob : Oui c’est vrai ! Quand on a commencé à faire des concerts il y a 5 ans, on nous programmait avec des groupes indie et les gens s’attendaient à ce que l’on sonne comme Oasis.

Joe : Les gens étaient tous en mode "Qu’est-ce que fout un saxophone dans un groupe de rock ?" (rires).

Je lisais justement qu’un de vos pires concerts était lors d'une première partie d’un tribute band d’Oasis…

Harry : Oui, c’est vrai. C’était un drôle de concert. Tous ces gens, sans leur manquer de respect, sont vraiment restés coincés dans les 90’s. Ils venaient pour voir un Tribute d’Oasis et nous, on débarque avec notre son super bizarre. Il y a des types qui ont rigolé de moi parce que je portais des chaussettes roses (rires). C’était très étrange. Ils n’ont rien compris à notre musique et sont vite partis (rires).

Joe : Finalement, je pense que tous ces gens qui nous faisaient des remarques sur nos habits, nos ongles vernis, c’est un peu eux qui nous ont poussé à apprécier encore plus cette différence !

Maruja en concert à The Grace à Londres.
Maruja en concert à The Grace à Londres. © Pablo Gallego

Quels sont vos plans pour la suite du groupe ? A quoi rêvez-vous ?

Jacob : On vient de démarrer une série de dates en Angleterre et un petit peu en Europe. On vient de rajouter quelques concerts et on a super hâte. On a déjà écrit et enregistré des nouveaux morceaux. On devrait sortir ça d’ici la fin de l’année et repartir sur les routes ensuite.

Harry : Les nouveaux morceaux sont vraiment cool. Il y en a un qui a été particulièrement bien reçu par le public ce soir. C’est un de nos morceaux les plus récents, il a un côté viscéral et psychédélique. J’étais sûr qu’il allait bien fonctionner en live. Il s’appelle "One Hand Behind The Devil" et avec un titre pareil, il y a intérêt à ce que le morceau soit bon (rires).

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