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Martinez, les doutes pour le Qatar et les séquelles de la 4e place : débriefing de cette Nations League

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Les envoyés spéciaux à Turin débriefent le Final Four de la Nations League. Vraie opportunité de ramener un trophée à Bruxelles, le tournoi transalpin s’est mal terminé pour les Belges qui finissent quatrièmes. Roberto Martinez n’a pas été épargné par la critique et des questions se posent à un an de la Coupe du Monde 2022 au Qatar.

Cet échec en Nations League va-t-il laisser des séquelles dans le groupe ?

« Oui parce qu’on arrivait ici avec des ambitions et qu’on termine derniers," constate Manuel Jous. « On perd face aux deux adversaires contre lesquels on était supposés disputer une revanche. Le match contre la France nous a fait vivre le scénario inverse du Japon, et il peut laisser des traces. Je m’interroge sur le fait répété des deuxièmes mi-temps où on a sombré pendant au moins vingt minutes. »

« Oui malheureusement sur le plan mental. Ça doit être dingue pour ces joueurs de se dire qu’ils n’auront rien gagné, pas même une Ligue des Nations », déplore Eby Brouzakis. « Le maximum de cette génération, c’était la demi-finale en Russie et elle laissera un goût de trop peu. Une victoire ici aurait constitué une belle rampe de lancement pour la Coupe du monde qui aura lieu dans treize mois, ce ne sera pas le cas. »

« Le fait d’avoir été renversé par la France après une mi-temps étincelante va trotter dans les têtes à l’avenir », pense Lancelot Meulewaeter. « Un avantage de deux buts à la mi-temps doit toujours être conservé et les Diables ont créé un précédent, dans un match où le facteur émotionnel, compte tenu du contexte ambiant, a été prépondérant. Cette défaite va en tout cas entretenir une forme de complexe d'infériorité par rapport à d'autres grandes nations. Les doutes qui persistent quant à la relative vieillesse de la défense ne sont pas envolés."


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Faut-il remettre en cause Roberto Martinez ?

Brouzakis : "Il n’est pas l’unique cause du souci mais il en fait partie. Son équipe n’est pas plus forte qu’en 2018, comme il le prétend. Il doit se remettre en question. Sa tactique est connue de tous désormais, il doit trouver un moyen d’avoir de la flexibilité. Il doit aussi avoir un impact plus grand en cours de match. Par contre, changer d’entraîneur me semble risqué. Il a toujours été fidèle à ses cadres (la titularisation de Tielemans en atteste encore), et ses cadres lui seront fidèles jusqu’au bout."

Jous : "Le problème est qu’il n’y a plus personne à la fédération pour le remettre en cause. Il n’y a plus de commission technique, Mehdi Bayat et Bart Verhaeghe sont partis, et les dirigeants actuels n’ont pas l’ADN du football. Avec sa double casquette, le seul qui peut remettre en cause Roberto Martinez est… Roberto Martinez. Il faut espérer qu’il accepte de prendre plus de risques dans les prochains mois."

Meulewaeter : "Il est assez ingrat de remettre tout en cause : à une poignée de centimètres près, Romelu Lukaku inscrit le troisième but belge et la grille de lecture de l’ensemble des observateurs est diamétralement opposée. L’image de coach qui ne percera jamais le plafond de la demi-finale lui colle désormais à la peau. Soit. Mais que ce soit à l’Euro ou dans ce Final Four, le coach n’a pas pu compter sur un groupe à 100% fit. Il a certes montré des limites, notamment dans sa latence pour effectuer les changements ou dans son manque de réinvention en deuxième mi-temps face à la France, alors que l'équipe prenait l'eau. Martinez va devoir remettre en question une partie de son approche, mais à un an du Qatar, est-ce bien raisonnable de tout vouloir chambouler ?"

 


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Quelles sont les ambitions pour le Qatar ?

Jous : "Ce n’est pas de ce Final Four qu’on l’apprend mais les Diables ne peuvent plus être assimilés à des favoris pour la Coupe du monde. Ils l’étaient pour la dernière et encore pour le dernier Euro, mais plus maintenant. Nous sommes moins forts qu’en 2018, contrairement à ce que Martinez martèle. La seule surprise que nous pourrions créer au Qatar viendra d’un remaniement et d’un rajeunissement de l’équipe. Ce n’est pas toujours dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes."

Brouzakis : "C’est une question compliquée : Eden Hazard aura un an de plus, la défense aussi. A mon sens, il n’y a plus que De Bruyne, Lukaku et Courtois qu’on peut considérer comme des joueurs de classe mondiale. Ils peuvent viser une demi-finale grand maximum. Leur heure, hélas, est passée."

Meulewaeter : "Il faut s’y résoudre : les Diables ne seront plus les favoris de la Coupe du monde, dans un an à Doha. En qualité pure, de nombreuses nations auront des meilleurs arguments à présenter. Les Diables peuvent s’y rendre en routiniers roublards et doivent avant tout viser un quart de finale, avant de rêver de mieux. Depuis 2014, ils sont la seule nation européenne à y être systématiquement, lors de chaque tournoi. Une bien maigre consolation, certes, mais une preuve de constance inouïe pour un si petit pays du football."

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