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Jupiler Pro League

Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Ancien ou jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis"

Sur le Gril

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Tout Neerpede le connaît sous son pseudo " Super-Mario " : à 18 ans, il est l’un des jeunes Anderlechtois qui montent et une tête de gondole de la communication du club. Il évoque Vincent Kompany, le stress, Julien Duranville, son numéro 29, Lukas Nmecha, la Coupe de Belgique, l’argent, Adrien Trebel et les tirs au but. Mais aussi Albert Sambi Lokonga, les ateliers de Neerpede, Brian Riemer, le foot dans le froid, les Diables Rouges, la tactique, le Racing Genk et les détails qui tuent. Et bien sûr…. le Toekomst Relegem. Mario Stroeykens (Anderlecht) passe " Sur Le Gril ".

Bonjour ! Comment allez-vous ? " La sacoche en bandoulière, bien campé sur ses cuisses et le sourire large, il se présente à nous, poli et ponctuel : un vrai ket du sérail, depuis ses 10 ans sous la bannière mauve. Le temps de l’interview, Papa attend dans la voiture : l’envol, ce sera pour dans quelques jours… quand Mario aura décroché son permis de conduire.

Je suis vraiment un enfant du coin, j’habite tout près d’ici, à Zellik " commence Mario Stroeykens, 18 ans depuis fin septembre. " J’ai fait toutes mes classes à Anderlecht après avoir débuté dans le petit club de mon quartier. Le Sporting est vraiment ma maison : j’ai toujours rêvé d’y entamer ma carrière… même si ça n’a pas toujours été facile pour moi. J’ai longtemps été dans les équipes au Heysel (NDLA : les équipes provinciales), et ce n’est que plus tard que j’ai intégré Neerpede (NDLA : les Elites). Je me suis accroché… et me voilà ! Je suis ici en zone de confiance, le Sporting m’a toujours bien traité : c’est aussi pour ça que je n’ai pas d’agent. Mon père négocie mes contrats, on a quelqu’un pour le volet juridique… "

Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Que ce soit à un ancien ou à un jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis"
Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Que ce soit à un ancien ou à un jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis" © BELGA

" Vos équipiers ont des familles à nourrir… "

Tout premier joueur mauve à passer professionnel dès l’âge de 15 ans (la précédente législation n’autorisait la mise sous contrat qu’à dater de 16 ans), Mario Stroeykens grossit le bataillon djeun du Sporting new look, initié du temps de Vincent Kompany.

Je ne pense pas qu’il y ait trop de jeunes dans le vestiaire : c’était peut-être le cas il y a une ou deux saisons, mais on a atteint aujourd’hui un bon équilibre, et ceux qui jouent le méritent (sic). Mais c’est vrai que le foot professionnel, ça change de Neerpede ! En équipe de jeunes, on joue pour se faire plaisir, on ne fait pas trop attention au résultat. Chez les pros, on réalise qu’on joue avec des hommes qui doivent faire vivre leur famille et que tous les détails comptent ! On joue pour le portefeuille, il faut être pragmatique (sic), donc ça met une petite pression en plus : c’est du sérieux, comme on dit ! La pression, tu te la mets toi-même : tu veux être important pour l’équipe, pour que l’équipe se sente bien (sic). Tu es plus concentré, tu exiges davantage de toi… Moi, j’étais un peu obsédé par l’idée de marquer mon premier but, pour enfin me libérer… Sur le terrain, tu te mets un objectif… et moi, je ne pensais plus qu’à ça, au point d’oublier parfois les basics (sic) ! C’est arrivé (NDLA : à Malines début octobre : monté à la mi-temps, Stroeykens a même planté un doublé…) et ça m’a fait du bien. Après, ça ne fait pas de moi un égoïste : je dirais que c’est fifty-fifty (sic), je pense à l’équipe… et je pense à moi ! " (Il rigole)

Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Que ce soit à un ancien ou à un jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis"
Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Que ce soit à un ancien ou à un jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis" © BELGA

" On sait qu’on doit faire mieux "

Écolage grandeur nature : vu la médiocrité de la saison mauve en cours, Stroeykens engrange de l’expérience à vitesse accélérée.

" On est réalistes : on sait qu’on ne produit pas des prestations dignes d’Anderlecht et qu’on doit faire plus et mieux. On sort d’un bon stage en Crète et le nouveau coach Brian Riemer veut un foot plus dominant et agressif, tourné vers l’avant. Il me confie un des trois rôles en attaque, à moi d’honorer sa confiance. Rien ne dit qu’on ne peut pas produire un 2e tour de folie et remonter les marches… D’abord, commençons à Genk ce mercredi : une équipe qui m’a fort impressionné lors de notre duel avant le Mondial, et qui est pour moi la grande favorite pour le titre. Nous, on sait qu’on a un coup à jouer en Coupe : l’année passée, on a atteint la finale dans une grosse ambiance, je veux revivre ça ! Je crois qu’avec le flow (sic) donné par l’arrivée du nouveau coach, on peut faire quelque chose de bien. "

" Toujours le sportif avant le financier "

Retour du soleil dans les frimas belges (" Jouer dans le froid, je n’aime pas trop : on se sent un peu faible… mais avec des gants, un bon cache-cou et surtout un bon échauffement, ça va "), Mario Stroeykens ne peut cacher ses origines congolaises. Mais ne se voit pas poser d’autres choix à l’avenir…

Brian Riemer
Brian Riemer © BELGA

Je suis né ici, j’ai fait toutes mes classes ici et je porte les couleurs de la Belgique depuis les U15. Donc je ne vois aucune raison de me diriger vers le Congo. On m’a dit que Roberto Martinez m’avait mis dans sa présélection de 55 Diables avant le Qatar, comme Julien Duranville d’ailleurs : ça m’a fait plaisir, c’est la preuve qu’on pense à nous. C’était surtout un signal pour l’avenir, je pense. Car en effet, être sélectionné maintenant aurait sans doute été trop tôt : je préfère faire les choses à mon rythme et ne pas brûler les étapes. J’ai toujours fait comme ça : définir un plan graduel, avec des objectifs d’abord sportifs. Je viens de resigner mon contrat à Anderlecht (NDLA : jusqu’en 2024), et cela a d’ailleurs été le fil des discussions : d’abord le sportif, après le financier. "

" Le plus stressant ? Chanter au bizutage ! "

Désigné capitaine des Diablotins U20 par le sélectionneur Wesley Sonck, Super Mario affiche une belle maturité pour ses 18 ans et quelque…

Je suis plutôt un leader sur le terrain : je ne suis pas quelqu’un qui va crier ou venir au vestiaire dire à chacun ce qu’il doit faire. Mais pendant le match, je parle beaucoup : ancien ou jeune, si j’ai un truc à dire, je le dis… Oui, même si c’est Adrien Trebel ou Lior Refaelov ! (clin d’œil) Après, en match, il y a parfois les émotions qui l’emportent… (Il réfléchit) Mais c’est toujours pour aider, jamais pour enfoncer… Je me souviens, le premier jour où je suis entré dans le noyau A, c’était au lendemain de mes 16 ans : le coach Espoirs de l’époque Craig Bellamy m’avait prévenu la veille que je changeais de vestiaire… et j’étais plutôt intimidé. J’ai dû me présenter… et j’ai même dû chanter au stage : je me rappelle, j’ai repris du KeBlack. Mais je ne vais pas chanter ici : je crois que les gens veulent entendre autre chose ! (Il rigole) C’est super stressant… plus qu’un match ou un interview ! Vous voyez tous les autres sortir leur téléphone et un peu plus tard, tout est sur les réseaux ! Mais quand tu as fini de chanter, tu te sens soulagé… Et ça crée des affinités ! Du coup, je n’ai pas eu trop de soucis pour m’intégrer. Des joueurs comme Albert Sambi Lokonga et Lukas Nmecha m’ont pris sous leur aile, ils m’ont expliqué les meetings, les horaires pour les soins, etc. Mais les codes sont pareils partout : les jeunes portent les ballons et rangent le matériel… mais c’est normal ! Je trouve même ça très bien : quand tu mets des règles et que le groupe décide, ça installe une sorte de respect entre les équipiers. "

Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Que ce soit à un ancien ou à un jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis"
Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Que ce soit à un ancien ou à un jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis" © BELGA

" A Neerpede, on vous met à l’épreuve chaque jour "

Enfant de la formation mauve (depuis ses 10 ans), Mario Stroeykens est le 7e joueur de l’histoire du Sporting à avoir gratté ses premières minutes dès l’âge de 16 ans. C’était à Eupen, le 15 janvier 2021.

À Neerpede, il y a toujours eu énormément de talent, vraiment beaucoup ! Et autant de formateurs de grande qualité. En foot, il n’y a pas de secret : c’est la méthode de travail… et le travail lui-même ! Ce sont toujours les mêmes ateliers, mais qu’on peaufine au fil du temps : tout est basé sur la technique au ballon, avec des exercices de passing répétés que chaque jeune, à force, connaît par cœur. A la longue, ça paie ! On critique parfois le mental et la combativité des jeunes joueurs sortis de Neerpede, mais je ne suis pas d’accord : il ne faut pas faire de généralité, ça dépend du joueur. Chacun a sa propre mentalité, mais n’allez pas croire qu’à Neerpede, on vous rend la vie facile : on nous met à l’épreuve chaque jour (sic) pour nous préparer au Noyau A. Même si c’est vrai qu’on y a tout le luxe pour travailler : les terrains, les vestiaires, les équipements, le matériel… "

LES PETITS PAPIERS

Le moment venu des petits papiers : parmi une quinzaine de papiers-mystères, il en choisit 5 au hasard. Et commente.

PAPIER 1 : TOEKOMST RELEGEM (NDLA : son tout premier club). C’est là que j’ai commencé, avec tous mes amis d’enfance… qui le sont toujours aujourd’hui ! On partait ensemble à l’entraînement, juste après l’école : c’est une maman qui nous embarquait tous, à cinq, avec notre petit sac. On se changeait dans un conteneur, il n’y avait pas d’eau dans les douches et on se lavait à la maison. Que de bons moments : quand vous êtes petits et que vous vous amusez avec vos amis, vous ne réalisez pas que vous avez des installations de merde (sic). Je ne me souviens pas de mon tout premier match, mais je crois qu’une saison, j’ai marqué 55 goals… Je retourne souvent au Toekomst pendant l’été, pour entretenir ma condition : on connaît le président du club, c’est un ami de la famille. Les gens y sont fiers de mon parcours, et moi aussi je suis toujours heureux de retourner dire bonjour. Si je finirai ma carrière à Relegem ? (Il rigole) Je ne pense pas… mais on ne peut jamais dire jamais ! " (clin d’œil)

Julien Duranville et Mario Stroeykens
Julien Duranville et Mario Stroeykens © BELGA

PAPIER 2 : STRESS. Comme je l’ai dit, je ne suis pas vraiment sujet au stress. C’est juste que tu exiges beaucoup de toi, et donc tu te mets toi-même la pression. Je pense que chaque joueur a besoin de cette pression pour sortir le meilleur. La seule fois que j’ai eu un peu de doute, c’est quand j’ai dû frapper ce tir au but contre les Young Boys Berne. Quel côté je vais choisir ? A quoi pense le gardien ? J’ai quelques trucs que m’a donnés la psychologue du club : penser à ma famille ou à des moments où j’étais en état de détente, et ça permet de relâcher le corps et le mental. C’est comme tous ces tirs au but à la Coupe du Monde : on se dit que ça doit faire peur… mais en même temps on a envie d’y être ! J’ai aussi mes habitudes pour me relâcher avant un match : d’abord la chaussure gauche avant la droite, pareil avec les jambières… Je fais ça depuis mes 13-14 ans… Il y a aussi mon numéro 29 : c’est ma date de naissance, le 29 septembre… "

" Avec Kompany, tout le monde prenait "

PAPIER 3 : VINCENT KOMPANY. Vincent est le tout premier coach que j’ai eu. Là, je dis ‘Vincent’, mais quand on bossait, c’était ‘Coach’ (clin d’œil). Je l’ai eu deux ans, mais c’était après qu’il ai raccroché les crampons : j’aurais bien aimé m’entraîner avec lui comme équipier… Mais comme coach, il m’a tant appris, surtout tactiquement. Chez les jeunes, on vous parle un peu de pressing (sic), mais chez les pros, c’est beaucoup plus fouillé : les espaces, les lignes de course, le scouting de l’adversaire, etc. Vincent se fâchait de temps en temps, et je peux vous dire que dans ces moments, vieux ou jeune, tout le monde prenait… (sic) Kompany est quelqu’un de très direct : il n’attendait pas que les problèmes traînent, il vous disait les choses en face… et je trouve ça plutôt bien ! On a encore des contacts aujourd’hui : il m’a envoyé un message pour mon premier but, un autre pour mon nouveau contrat. Chaque fois, il me félicite. "

Vincent Kompany
Vincent Kompany © BELGA

PAPIER 4 : JULIEN DURANVILLE. (Il sourit) " Ah, Julien, c’est mon petit (sic). On a une super relation car on est aussi ensemble en sélection U19. Duranville, c’est quelqu’un de bon vivant, de toujours joyeux : il rigole tout le temps et ne se soucie pas trop de tout ce qui se passe autour de lui, des attentes, des médias, etc. C’est quelqu’un de très simple : il se balade avec ses mangas sous le bras et le matin, il mange ses petits Kellogg’s ! (sic) Moi, ce que je mange le matin ? Des œufs et un petit toast ! " (Il s’esclaffe)

PAPIER 5 : MANAGER. Comme je l’ai dit, c’est mon père qui gère mes affaires et je n’ai pas de manager. On dit beaucoup de choses sur les agents et l’argent sale du foot, mais moi je n’en sais rien. On exagère aussi, le milieu n’est pas peuplé que d’escrocs (sic) : il y a aussi beaucoup de gens bien, qui veulent le meilleur pour vous et vous aider à progresser. Moi, au quotidien, je n’ai pas trop de sollicitations et ma vie n’a pas trop changé. On me demande de temps en temps une photo, mais pour le reste, je ne suis pas encore dans les spotlights (sic). Le footballeur est un personnage public, à qui l’on demande parfois de s’exprimer… Tout dépend de chaque joueur, quelle place il veut occuper pendant sa carrière. Moi, je ne m’occupe pas trop de politique, je ne suis qu’un simple footballeur. J’essaye de faire mon mieux sur le terrain et de rendre les gens heureux en gagnant des matches… "

" Mon rêve ? Je le garde pour moi… "

Parole au terrain. En Coupe ou en championnat, Anderlecht n’a plus le choix des armes : il devra réussir le sans-faute.

Je suis assez content de mon parcours jusqu’ici. Comme je l’ai dit, tout n’a pas toujours été facile pour moi et j’ai dû m’accrocher… Aujourd’hui, je suis sur le bon chemin : mon temps de jeu augmente progressivement, j’ai été titulaire plusieurs fois, j’ai marqué mes premiers buts… C’est le plan qu’on s’était fixé, le club et moi. Où je me vois dans 5 ans ? (Il réfléchit) J’espère avec quelques titres… et peut-être dans un club étranger. Pour être honnête, je n’ai pas vraiment de rêve à court terme. À long terme, oui… mais celui-là, je le garde pour moi. Parce que je veux qu’il se réalise vraiment. " (sourire)

Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Que ce soit à un ancien ou à un jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis"
Mario Stroeykens (Anderlecht) sur le Gril : "Que ce soit à un ancien ou à un jeune, si j’ai un truc à dire… je le dis" © BELGA
Mario Stroeykens (Anderlecht) en mode selfie
Mario Stroeykens (Anderlecht) en mode selfie © Tous droits réservés

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