Les évocations de Marilyn Monroe sont la plupart du temps limitées à l'énumération de ses caractéristiques physiques les plus connues, de sa blondeur diaphane à ses mensurations qui firent d'elles l'une des actrices les plus photographiées. Force est de constater que l'icône a pris le pas sur l'actrice, la femme, l'être humain. "Elle est plus connue pour être Marilyn que l'actrice qu'elle a été", souligne Marion Hallet, collaboratrice scientifique à l'UNamur et spécialiste du cinéma. "Toutefois, c'était déjà le cas de son vivant."
Elle a souvent été minimisée, limitée à ce symbole sociétal de la blonde idiote.
Un stéréotype qui a la vie dure et que de nombreux critiques et experts du cinéma tentent aujourd'hui de déconstruire, soulignant la riche filmographie d'une actrice qui se frotta aux plus grands noms de la réalisation hollywoodienne, de Billy Wilder à Mankiewicz, en passant par George Cukor, Otto Preminger et Fritz Lang. "Elle a eu une carrière remarquable aussi bien à l'écran qu'en dehors. Elle est devenue productrice, n'a pas hésité à quitter Hollywood au sommet de sa gloire pour suivre des cours à l'Actor's Studio de Lee Strasberg à New York, ce qui était tout à fait inhabituel pour l'époque", explique Marion Hallet. "Cela lui a permis de revenir plus forte à Hollywood et de renégocier son salaire."
De nombreux témoignages de proches et des documents retrouvés chez l'actrice témoignent en outre d'une personnalité riche, mature, passionnée par la littérature et l'histoire de l'art. En proie à une remise en question quasi maladive, Marilyn cherche à se comprendre et suit plusieurs thérapies, dont des psychanalyses, et prend régulièrement la plume pour noircir de petits carnets où transparait une sensibilité à fleur de peau. Elle y décortique ses rêves, ses sentiments et sa carrière, source de nombreuses frustrations.