Marie-Hélène Ska  (CSC) : "Laissez-nous être adultes et négocier (les salaires) librement !"

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Par Daphné Van Ossel sur base d'une interview de Thomas Gadisseux

Nous ne serons pas des dizaines de milliers, nous ne sommes pas fous, nous ne sommes pas irresponsables. Nous tenons à respecter les règles sanitaires. Mais même quand la situation est difficile, il faut qu’on puisse relayer les inquiétudes et elles sont vives aujourd’hui.” Pour Marie-Hélène Ska, secrétaire générale du syndicat chrétien CSC, invitée de Matin Première, la manifestation de ce lundi est avant tout symbolique, mais il fallait qu’elle soit maintenue, malgré le pic d’hospitalisations que l’on connaît actuellement.

La CSC et FGTB manifestent en front commun dans les rues de Bruxelles pour défendre les libertés syndicales, mises à mal par la condamnation en appel de 17 membres de la FGTB, et le pouvoir d’achat qui souffre notamment sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie.

Revoir cette loi qui corsète les salaires

Il faudra, pour la représentante syndicale, suivre l’évolution de ces prix pour voir si, au-delà de l’élargissement du tarif social, d’autres mesures seraient nécessaires. Mais ce que réclament surtout les syndicats aujourd’hui, c’est plus de liberté pour pouvoir augmenter les salaires : "Plutôt que de donner 500 euros de chèque consommation en 2021, ou des chèques-repas ou des écochèques, nous pensons que la meilleure manière de faire face à ces difficultés c’est de laisser jouer la négociation collective pour augmenter les salaires et donc de revoir cette loi qui encadre et corsète les salaires.

Nous n’avons dépassé les marges quand elles étaient indicatives

Cette loi, la loi de 1996, fixe une norme salariale, un cadre à ne pas dépasser, qui est de 0.4% actuellement. “Il ne s’agit pas de dire 0,4 0,5 ou 1 pourcent, précise Marie-Hélène Ska, mais il s’agit de manière structurelle de pouvoir renégocier des augmentations de salaire. Cette loi date de 1996, nous sommes 20 ans plus tard. La situation a changé. Tous les chiffres montrent que jamais nous n’avons dépassé les marges quand elles étaient indicatives donc laissez-nous être adultes et négocier librement !

L’indexation ne rend pas plus riche

Avec l’inflation tous les prix augmentent, y compris les salaires. Selon les entrepreneurs, ce ne sera pas tenable. “A cela je réponds deux choses, dit la secrétaire générale de la CSC. L’indexation n’est que la compensation de l’augmentation des prix. Elle ne rend pas plus riche. Ensuite, c’est la première fois depuis 10 ans qu’on a une inflation au-delà de 2 pourcents, de 3 à 4%, et les économistes nous disent que cette inflation est surtout liée à un effet de rattrapage. Donc rien ne dit que cette augmentation sera durable. Avant de crier au loup, prenons le temps d’examiner la situation.

L’obligation vaccinale pour tous ou pour personne

Sur la question de l’obligation vaccinale du personnel soignant, Marie-Hélène Ska rappelle la position de son syndicat : “Soit le gouvernement rend la vaccination obligatoire pour tout le monde soit ce n’est pas le cas, mais nous n’acceptons pas une discrimination pour une partie du personnel dans une partie des secteurs.”

Ce tract était malheureux

Ce discours-là ne risque-t-il pas d’être parasité par le discours anti-vaccin ? Un tract de la CSC Services publics avait en effet fait polémique. Il expliquait que la maladie tuait peu et que l’efficacité du vaccin n’était pas encore démontrée sur le long terme. “Ce tract était malheureux. Depuis le début de la pandémie, nous n’avons jamais commenté la moindre décision du Comité de concertation, car nous savons que ces décisions sont difficiles. Notre message est qu’on doit garder tout le monde à bord pendant cette pandémie. Restons calmes, essayons d’avoir les messages les plus clairs possible.


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N’y a-t-il pas, tout de même, une volonté syndicale de rester le relais aussi du mécontentement qui s’exprimait encore ce dimanche dans la capitale, à travers la manifestation contre les mesures sanitaires ? “Ne mélangeons pas tout. Chacun est libre de dire qu’il n’est pas pour le vaccin ou ne souhaite pas porter le masque. Ce n’est pas notre message. Nous disons que le masque, la distanciation, ou encore la ventilation sont importants. Restons sereins, gardons tout le monde en tête quand des mesures sont prises, c’est la seule manière de pouvoir sortir de cette situation le jour où ce sera possible.

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