C'est vous qui le dites

Marie, gérante : " J'ai 1€ de bénéfice par titre-service, ce sont les grosses sociétés qui volent! "

Marie, gérante d'une société de titres-services : " C'est difficile, j'ai 1 euro de bénéfice par titre-service "

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Par C'est vous qui le dites via

Aujourd’hui, les aides-ménagères sont dans la rue pour réclamer un meilleur salaire, l’effort proposé par les employeurs ne leur suffit pas. Le prix du titre-service est-il trop bas ?

Les aides-ménagères n’en peuvent plus, elles le disent ce matin en manifestant dans la rue. Elles réclament un salaire plus élevé et de meilleures conditions de travail. L’effort proposé par les employeurs - qui revient à 130€ par an - ne leur convient pas, d’autant qu’il s’agit du montant pour un temps plein, qu’elles sont peu à effectuer, devant généralement jongler entre le travail chez les clients et leurs enfants. Actuellement, le tarif horaire des prestations titre-service est de 23€, dont 9 sont payés par le client, le reste est subsidié par les régions.

Le prix du titre-service est-il trop bas ? C'est la question que l'on vous posait ce matin dans " C'est vous qui le dites ".

Marie de Waterloo a une société de titres-services et emploie 160 aides-ménagères : " Une aide-ménagère doit toucher au minimum 11,20€ brut. Mes ouvrières touchent  au minimum 11,30€, ça peut aller jusqu'à 11,50€ et 12€. Quand vous payez une aide-ménagère presque 12€, ce que je fais, qu’il y a un transport de 120€ à payer et que vous donnez des chèques-repas de 7€, je vous assure que les sociétés comme la mienne ne s’enrichissent pas ! Au début des titres-services, les sociétés touchaient 25€ et les aides-ménagères étaient payées 8€, les entreprises faisaient un grand bénéfice ! Nous, on est payé 23€ ! Faites un peu le calcul... Il faut aussi se rendre compte que tous les clients ne payent pas, il y a deux tiers des clients qui ne payent pas. Donc on doit être derrière pour pouvoir avoir l’argent. Je paye mes aides-ménagères au début du mois, avant d’avoir les titres-services donc j’avance les salaires. Je gagne normalement mais mes aides-ménagères sont bien payées et je me bats tous les jours. Les petites et moyennes sociétés de titres-services sont rachetées par les grosses parce qu’elles tombent tout le temps en faillite. C’est difficile. Il faut que le gouvernement augmente les subsides. Parfois, on n’arrive même pas à l’euro par titre-service en terme de bénéfice. Si vous payez un peu en retard vous avez des majorations à l’ONSS. Il y a des sociétés de titres-services qui sont des voleuses et ce sont les grosses boîtes : elles ne donnent pas de chèques-repas, elles ne remboursent pas les transports à 100% alors évidemment qu’elles gagnent plus ! "

Retour du travail au noir ?

Du côté de Beauvechain, Joël a 62 ans et travaille dans le secteur depuis 12 ans : " La plupart de nos clients sont des personnes âgées qui sont près de leurs sous, elles n’ont pas toutes une pension de colonel de l’armée… Donc à partir du moment où on augmente le prix des titres-services, elles vont faire venir les gens au noir. Mais qu’est-ce qu’elles vont donner comme salaire si on travaille au noir ? Actuellement, je touche 10,04€ brut de l’heure. Le reste de l’argent va dans la poche de l’employeur. Je travaille pour une petite agence. Je pense qu’il met beaucoup dans sa poche, il suffit de voir les avoirs personnels de gérants de sociétés de titres-services ! Pourquoi les aides-ménagères sont dans la rue ? Parce que c’est un métier extrêmement pénible et qui est très mal payé ! Je travaille 28 heures par semaine parce que physiquement, je ne peux pas faire plus à mon âge. "

Pina de Tubize a été aide-ménagère pendant 10 ans et elle pointe les grosses sociétés du doigt: " Je n’étais pas beaucoup payée, 11€ brut. Il y a des sociétés moins importantes avec des aides-ménagères qui gagnent plus que moi qui travaillais dans une grosse société. Je ne sais pas où allait l’argent, le patron devait certainement le mettre dans sa poche ! "

Nous vous invitons à poursuivre le débat sur notre page Facebook "C’est vous qui le dites".

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