Marie Dasylva écrit : "Ranger ses affaires et s’en aller, c’est un acte d’auto-défense. […] C’est un acte de survie mais aussi de grandeur". Si refuser les traitements de défaveur qu’on nous impose dans le cadre du travail peut avoir des répercussions, elle ne raisonne pas en termes de gains ou de pertes : "Même dans l’urgence, pour se protéger, on doit être capable de prendre des décisions qui vont s’avérer bénéfique sur le long terme. Rester dans une structure dans laquelle on a subi du racisme, ce n’est pas une bonne décision". Partir n’est jamais facile, mais c’est pour cela qu’il est important de bien préparer son départ et de laisser une trace de ce que l’on a vécu.
Dans "Survivre au taf", Marie Dasylva raconte la manière dont Marjane a fait changer la honte de camp. Cette travailleuse d'origine maghrébine, en période d’essai dans une entreprise, subissait du harcèlement quotidiennement de la part de sa supérieure. Dans la stratégie qu’elle élabore avec Nkaliworks pour échapper à cette violence, elle prend soin de documenter minutieusement les agressions subies et de couper court à toute interaction désagréable avec sa responsable. Une des techniques mise en place est la stratégie des 300 secondes : le temps maximum qu’elle consacre aux interactions oppressives.
En appliquant les méthodes de Nkaliworks, Marjane déstabilise sa supérieure, qui va tenter d’inverser la charge victimaire, en l’accusant de l’avoir mise à mal. Si cette responsable n’a pas été démise de ses fonctions, elle est aujourd’hui reléguée à des tâches subalternes. Quant aux ressources humaines dans cette histoire, bien que mises au courant régulièrement des discriminations subies par Marjane, elles ne l’ont jamais défendue. Marie Dasylva constate dans son expérience de coach, que les réparations se font rarement à l’intérieur des structures : "De manière générale, les ressources humaines se positionnent rarement du côté du salarié harcelé : leur but est de protéger les intérêts de l’entreprise. Les informer de la situation est néanmoins une étape essentielle, surtout si la personne souhaite porter son cas jusqu’au tribunal du travail".
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Marie Dasylva choisit de se concentrer sur l’accompagnement des personnes à l’échelle individuelle, qui ont besoin d’une aide immédiate et de pistes de solution personnalisées en fonction des difficultés qui leur sont imposées dans l’espace travail. Pourtant, comme elle l’explique dans son livre : "En aucun cas, notre travail ne se substitue à l’absolue nécessité de la lutte collective, dont l’horizon est l’émancipation totale des groupes dominés".
Infos pratiques
Le 11/03 à 19h : présentation du livre " Survivre au taf " à la librairie Pépites Blues, à Ixelles.
Le 12/03 à 16h : workshop avec Marie Dasylva au Café Congo à Anderlecht.
Le 13/03 de 16h30 à 19h : séance de coaching en live à la Maison des Femmes à Schaerbeek.
Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be
Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.