"Il faut savoir, explique Marie-Christine Marghem, que le précédent gouvernement a prolongé une centrale du même âge, Tihange I. A l’époque, on ne s’est pas préoccupé s'il fallait ou non une étude d’incidence. Et la ministre de l'Energie de conclure : "Je fais la même chose que le précédent gouvernement".
Ces derniers jours, la ministre de l'Energie a passé de nombreuses heures en commission "Economie", sous le feu des questions de l'Ecolo Jean-Marc Nollet, mais aussi de la socialiste Karine Lalieux. Pourquoi veut-elle absolument prolonger la durée de vie de 2 réacteurs nucléaires, sans passer par une nouvelle procédure d'enquête publique ? Pour la ministre, son projet de loi se suffit à lui-même.
Pour le Conseil d'Etat et l'Agence fédérale de Contrôle nucléaire, non. Il faut, selon ces organes, un nouveau permis d'exploitation pour Doel 1, car Doel 1 a été fermée, et le permis n'est donc plus existant.
"A un moment, il y aura un vote"
"J’ai fait une étude juridique, précise Marie-Christine Marghem. Je considère qu’elle est basée sur le même principe que pour Tihange I. Leurs analyses coexistent à côté de la mienne. Peut-être qu’au terme des débats, nous parviendrons à faire se rejoindre ces analyses juridiques." Avec le sourire, la ministre lance alors : "deux thèses coexistent, et à un moment il y aura un vote !".
A-t-elle raison, seule ? Contre les institutions de contrôle? "Je ne suis pas têtue, je suis simplement déterminée."
"Ecolo, à genoux"
Ses opposants écologistes l'appellent "la ministre du nucléaire". Elle réplique : "Ecolo et Groen! me demandent presqu’à genoux de deposer un amendement qui solidifie ma loi pour suivre le Conseil d’Etat. D’un côté, ils me disent qu'ils sont contre la prolongation de Doel I et II. Mais en même temps, ils me disent que ma loi devrait être plus solide avec un amendement. Il y a un paradoxe constant dans leur attitude !"
Comment sortir du nucléaire ?
La ministre fédérale doit conclure un pacte énergétique avec les régions. Marie-Christine Marghem estime que leurs objectifs sont communs. "Il faut créer les conditions pour un mix énergétique où le renouvelable à une part la plus importante possible." La ministre précise d'ailleurs que ce mix doit être "payable" par les gens. "J'ai du temps pour le faire."
Qui ira à Paris ?
Quelle est justement l'ambiance entre les collègues des différents niveaux de pouvoir ? En décembre prochain se tiendra, à Paris, la conférence internationale sur les changements climatiques. Le ministre wallon de l'Energie, Paul Furlan (PS) a déjà dit qu'il voulait y aller pour représenter la Belgique. Marie-Christine Marghem (MR) lui répond "calmement" : "Il y a un accord de coopération qui dit que chaque fois que la Belgique doit aller à un sommet international multilatéral avec de multiples états, c'est le fédéral qui représente la Belgique."
Soutien embarrassant
Marie-Christine Marghem est mentionnée sur le site d'une ASBL "Action pour la famille", comme faisant partie du comité de soutien. Cette association milite contre l'avortement. "Je ne suis pas membre, je ne paie pas de cotisation. Je vais les contacter pour demander qu'ils retirent mon nom de ce comité de soutien."
La ministre est-elle pour ou contre l'avortement ? "Il m'est difficile de répondre à cette question complexe en quelques minutes sur un plateau télévisé. Je ne l'ai pas vécu personnellement. La loi a été votée. Je ne suis pas contre cette loi. Mais naturellement, je suis pour la vie."
RTBF