La Marche pour la Cérémonie des Turcs est une musique de Ballet extraite du "Bourgeois gentilhomme" de Molière. L’orchestre des "Vingt-Quatre Violons du Roi" est formé de cordes, de flûtes, hautbois et bassons. Spécialement pour ce ballet, Lully y ajoute des tambours et des tambours basques.
"Le Bourgeois gentilhomme" est une comédie ballet en cinq actes, un genre inventé par Molière, un genre qui mêle théâtre, musique, et danse.
La pièce met en scène Monsieur Jourdain, un riche bourgeois, qui veut imiter le comportement des aristocrates. Un personnage tourné en ridicule par Molière qui le montre dans des situations cocasses et ridicules.
La Marche ouvre l’acte quatre. La scène de la cérémonie des Turcs est destinée à faire de Monsieur Jourdain un Mamamouchis, une personne qui se donne des airs supérieurs sans en avoir réellement conscience.
Il se dit que Louis XIV aurait profité de cette scène pour "rendre la monnaie de sa pièce" à un grand ambassadeur turc qui l’avait snobé et lui avait fait très mauvaise impression.
L’art et la politique, une histoire vieille comme le monde !
Lully compose cette parodie de musique de cérémonie qui donne l’impression à Monsieur Jourdain de vivre un moment unique. La mélodie est simple à retenir. Elle invite forcément à la danse, avec ses élans et ostinatos rythmiques.
Dès les premières notes, tout est fait pour créer un caractère solennel. La tonalité de sol mineur, les rythmes pointés, semblables aux ouvertures d’opéra et censés représenter la marche du Roi-Soleil, les grands accords joués dans une nuance "forte", et les mélodies qui se répètent. La pièce est miniature, la tessiture peu étendue, les répétitions offrent presque un trajet d’exploration des timbres.
Elle a été utilisée dans de nombreux films et documentaires, tant elle est typée. Et la version que nous propose Céline Scheen est celle de l’ensemble Musica Antiqua Koln et Reinhart Goebel, une commande pour le film "Le roi danse" de Gérard Corbiau.
L’orchestre et les percussions s’étoffent au fil des reprises et Reinhard Goebel se permet une accélération du tempo, donnant un effet d’urgence intéressant qui traduit l’esprit caustique et moqueur de la scène.