Le WIELS présente un portrait en trois œuvres de l'artiste franco-britannique Marc Camille Chaimowicz. Né dans le Paris d’après-guerre (1947), d’un père polonais et d’une mère française, puis élevé en Angleterre, il vit à Londres entre deux cultures et deux langues. Sa pratique se situe entre les arts plastiques – peinture, gravure, collage, installation – et les arts décoratifs et les arts appliqués – décoration, design. L’oeuvre traite du rapport entre l'art et l’ameublement intérieur.
Nuit américaine
Le titre fait référence à la technique cinématographique qui permet de tourner une scène nocturne en plein jour. L’exposition met en lumière les thèmes de l’intimité et de la domesticité. La lumière participe à la perception des œuvres, révélées dans la pénombre, l’atmosphère feutrée ou la pleine clarté.
Celebration? Realife Revisited (1972-2000)
L’installation au sol est remarquable par sa contemporanéité. Œuvre activée à Londres, il y a un demi-siècle, que l’artiste scénographe revisite à chaque nouvelle présentation. Il éparpille dans l’espace une collection d’objets hétéroclites, bibelots kitsch et pas chers. La musique vintage est projetée in situ et la lumière réfléchie par les boules à facettes. Le parfum des fleurs et l’odeur des bougies participent à une œuvre synesthésique. Immersive, elle ne focalise pas l’attention sur une aire circonscrite, mais elle multiplie les points de vue sur un environnement éclaté. Datée et up to date, elle abroge la frontière entre l’art et la vie et célèbre comme une fête ou une afterparty le théâtre de la vie.
The Hayes Court Sitting Room (1979-2023)
L’œuvre est une reconstitution de l’appartement que Marc Camille Chaimowicz occupe Approach road à Londres de 1979 à 2023. L’espace de vie recréé se déploie en éventail. Pur décor du réel où le fictif se réfère à la réalité d’origine. L’artiste conçoit un intérieur de manière totale, du mobilier aux accessoires d’ameublement et du papier peint au bouquet de fleurs séchées. Il œuvre à la manière des architectes de l’art nouveau célébré cette année à Bruxelles. L’espace s’appréhende comme un autoportrait de l’artiste.
Mme Bovary e(s)t moi
Une série de quarante collages est inspirée par le personnage de Madame Bovary, de Flaubert. L’ensemble complète le portrait d’un créateur confiné chez soi pendant la pandémie de Covid qui rêve d’un ailleurs sans quitter l’espace intérieur. Il plonge dans l’imaginaire de l’anti-héroïne à la séduction contrariée. Il entretient une relation épistolaire avec la curatrice de l’exposition en lui envoyant des collages constitués d’images de magazines féminins et de reproductions d’œuvres d’art au parfum exotique. Il dessine des oiseaux et des grilles. Il écrit des mots rêveurs qu’il prête à Emma. Expo au Wiels jusqu’au 13 août.
Marc Camille Chaimowicz, Dear Zoé. © Pascal Goffaux
Zoë Gray, la curatrice, au micro de Pascal Goffaux.
Marc Camille Chaimowicz, Nuit américaine, au Wiels
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