Dès le 1er juillet, le métier d’infirmier spécialisé ne sera plus reconnu. Ce qui veut dire que leur salaire sera amputé et que leur métier déjà en pénurie sera encore moins attractif.
Le 12 mai dernier déjà, deux associations d’infirmiers spécialisés avaient envoyé une lettre ouverte au ministre de la Santé. Une lettre signée par une centaine d’infirmiers en chef de plusieurs hôpitaux à Bruxelles et en Wallonie. Tous ensemble, ils dénonçaient le manque de considération et de reconnaissance de la profession.
C’est une problématique qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui remonte à 2018, quand une nouvelle classification de fonctions pour la profession était partiellement appliquée.
Des pertes salariales
À partir du 1er juillet, la rémunération des infirmiers spécialisés pourrait être revue à la baisse. "Ce qui se passe, c’est qu’on se rend tout simplement compte que les infirmiers titrés perdent au niveau salaire, avec des impacts plus ou moins importants en fonction des situations de chacun", explique Adrien Dufour, président de la Fédération nationale des infirmiers de Belgique.
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Pour être infirmier spécialisé, il faut aujourd’hui faire quatre ans d’études, plus un an de spécialisation. Ces responsabilités supplémentaires et cette formation ne seraient donc pas valorisées… Une goutte de trop après la pandémie et la charge de travail amplifiée.
A l'encontre de la sécurité des patients
Comme catalyseur de cette frustration, les infirmiers de l’hôpital Érasme entameront une grève à partir de 13 heures ce lundi et ce, pour une durée indéterminée. Jérôme Tack travaille à Érasme et préside l’Association des infirmiers de soins intensifs : "C’est un des services qui sont de plus en plus spécifiques. Toutes les études de niveau international montrent que plus les infirmiers sont spécialisés, plus les infirmiers font d’années d’études, plus ils sont formés, et plus on diminue la mortalité à l’hôpital. Donc, pour nous, toutes ces décisions politiques vont vraiment à l’encontre de la sécurité des patients."
À Érasme, un service minimum sera assuré. La police est venue réquisitionner les infirmiers grévistes pour qu’ils aillent travailler cette semaine. Un mouvement de contestation qui pourrait devenir contagieux si aucune réponse n’est donnée aux infirmiers dans les prochains jours.