Une nouvelle manifestation se déroulait dans la capitale biélorusse contre le président Alexandre Loukachenko dimanche, dernier jour d'un ultimatum fixé par l'opposition pour que ce dernier se retire, sans quoi elle appellera à la grève générale.
L'opposition biélorusse exige le départ de M. Loukachenko, 66 ans, au pouvoir depuis 1994, depuis l'élection présidentielle jugée frauduleuse du 9 août. Le mouvement de contestation subit depuis une pression constante des autorités, qui a abouti à la détention ou à l'exil à l'étranger de toutes ses principales figures.
Des vidéos filmées par des passants et diffusées par les médias locaux montraient des convois de bus chargés d'agents du maintien de l'ordre ainsi que de grillages métalliques roulant vers le centre ville.
Comme lors des manifestations des semaines précédentes, des stations de métro du centre ville ont été fermées afin de dissuader les gens de se rassembler et l'internet mobile était limité.
La figure de proue de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa, 38 ans, a lancé ce mois-ci un ultimatum à Alexandre Loukachenko, lui donnant jusqu'à ce dimanche pour se retirer, sans quoi elle appellera à une manifestation monstre et une grève générale.
Appel à des élections
Dans son ultimatum fixé au 25 octobre, Svetlana Tikhanovskaïa, qui a dû fuir le pays après les élections d'août, a aussi réclamé la fin des pressions policières et la libération de tous les "prisonniers politiques".
L'opposition a affirmé que le scrutin avait été faussée par la fraude et Mme Tikhanovskaïa a revendiqué la victoire. Depuis la Lituanie où elle s'est réfugiée, et forte du soutien de plusieurs leaders occidentaux, elle appelle a de nouvelles élections.
Lors d'une visite à Copenague vendredi, où elle a rencontré le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod, elle a appelé à un nouveau scrutin "le plus tôt possible". Dans un communiqué, elle a ensuite indiqué qu'une date devait être fixée d'ici la fin de l'année.
"Je sais que beaucoup de gens ont peur de perdre leurs emplois", a-t-elle déclaré à l'AFP au sujet de l'appel à la grève. "Nous n'organisons pas les grèves, ce sont les gens qui décident eux-mêmes s'ils sont prêts ou pas".
Lors de précédentes grèves, notamment dans les entreprises publiques, les grévistes ont subi d'importantes pressions.
"le dernier jour"
La chaîne Telegram NEXTA Live, qui coordonne en partie la protestation, a lancé un appel à ses deux millions d'abonnés à se rassembler à 11H00 GMT dans le centre de Minsk pour "le dernier jour de l'ultimatum du peuple". NEXTA, basée en Pologne, a été placée cette semaine par la justice biélorusse sur la liste des ressources "extrémistes".
Après avoir mené une brutale répression dans les jours après les élections, les autorités ont menacé ce mois-ci qu'elles tireraient à balles réelles pour disperser les manifestants "si nécessaire". Mais des dizaines de milliers de manifestants ont continué de se réunir malgré tout dans l'ensemble du pays, et la traditionnelle marche de femmes contre le pouvoir en a rassemblé plusieurs centaines dans Minsk samedi, l'ONG Vesna rapportant plusieurs arrestations.
Toutes les figures de l'opposition biélorusse sont aujourd'hui détenues ou en exil à l'étranger. Depuis le début de la contestation, la répression a fait au moins 3 morts et des dizaines de blessés.
Le président Alexandre Loukachenko n'a lui montré aucune intention de se plier aux revendications de ses détracteurs, au contraire.
S'il jouit du soutien de Moscou, il est sous le coup d'une menace de sanctions de l'Union européenne, qui a rejeté les résultats de l'élection du 9 août et a déjà sanctionné 40 responsables du régime, dont le ministre de l'Intérieur et son adjoint.
Samedi, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a appelé M. Loukachenko à remettre en liberté un conseiller politique américain, arrêté en Biélorussie avant les élections et inculpé par les autorités biélorusse d'organisation d'actions violant l'ordre public.