L'ONG israélienne B'Tselem a publié dans la presse des encarts publicitaires appelant les soldats à ne pas tirer vers des Palestiniens non armés lors de manifestations à la frontière avec la bande de Gaza. L'encart est intitulé "Désolé commandant, je ne tire pas". Les autorités israéliennes ont pourtant prévenu que les consignes de tirs resteraient les mêmes ce vendredi 6 avril qu'il y a une semaine, lorsque la répression du mouvement a fait vingt morts parmi les Palestiniens.
Cet appel à ne pas tirer sur des Palestiniens a été dénoncé par le gouvernement, qui menace d'engager des poursuites contre B'Tselem pour "appel à la sédition". Le député d'opposition travailliste et ancien ministre de la Défense Amir Peretz a également critiqué l'ONG.
Nous avons demandé au porte-parole de B'tselem, Amit Gilutz, pourquoi l'organisation a choisi d'interpeller les soldats eux-mêmes. "Pour cette simple raison: tirer à balle réelles, des tirs létaux, sur des manifestants non-armés, c'est illégal. Un ordre de la faire est un ordre illégal. Les soldats sont obligés de refuser d'obéir."
Mais s'ils refusent, ils risquent eux-mêmes d'être traînés devant une cour militaire pour désobéissance?
"Bien sûr, ils courent ce risque. Au final, la responsabilité pour ces règles d'engagement appartient aux décideurs politiques, pas aux soldats sur le terrain. A la base, ce sont le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d'état major qui ont la responsabilité de modifier ces instructions illégales. Mais tant qu'ils ne le font pas, le soldat a aussi une responsabilité personnelle de ne pas se plier à ce qui est immoral, comme tirer à balles réelles sur une foule de manifestants anonymes qui comprend des femmes, des enfants, des personnes âgées, et des hommes. Le militaire a le droit d'empêcher les gens d'approcher la barrière, de la franchir, de l'endommager. Il y a beaucoup de moyens d'y arriver. Il peut disperser la foule. Il peut arrêter des gens. Mais agir comme nous l'avons vu la semaine dernière, et comme nous craignons que cela se répète aujourd'hui et dans les prochains jours, n'est ni légitime, ni acceptable."