Les Nations unies ont accusé vendredi l’armée malienne et des combattants "étrangers" d’avoir exécuté, en mars 2022, au moins 500 personnes dont une vingtaine de femmes et sept enfants, lors d’une opération antidjihadiste dans le centre du pays, dans un rapport accablant du Haut-Commissariat aux droits humains.
Le Haut-commissariat a aussi "des motifs raisonnables de croire que 58 femmes et jeunes filles ont été victimes de viol et autres formes de violences sexuelles". Il fait état d’actes de torture sur des personnes arrêtées. Ces agissements pourraient constituer des crimes de guerre et, "selon les circonstances", des crimes contre l’humanité, souligne dans un communiqué Volker Türk, Haut-Commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme.
Le rapport n’identifie pas explicitement les "étrangers". Mais il rappelle les déclarations officielles maliennes sur le concours "d’instructeurs" russes au combat contre les djihadistes et les propos attribués au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov sur la présence au Mali de la société privée de sécurité russe Wagner. L’Onu rapporte des témoignages recueillis par ses enquêteurs et décrivant ces étrangers comme des hommes blancs en treillis parlant une langue "inconnue". Tels que documentés dans le rapport, les événements survenus à Moura, objets de versions contradictoires depuis un an, sont parmi les pires du genre dans un pays pourtant familier des atrocités des djihadistes et d’autres groupes armés depuis 2012. Le rapport constitue le document le plus accusateur produit contre les forces maliennes, mises en cause à de multiples reprises par le passé pour leurs agissements.