Bart Maddens, politologue flamand de la KULeuven et nationaliste convaincu, était l'invité de Matin Première de ce lundi. Il est au cœur du projet nationaliste de la N-VA, et a été observateur international lors de la tenue du référendum catalan du 1er octobre.
Un référendum dénoncé par Madrid, jugé inconstitutionnel par la Cour constitutionnelle espagnole, dont la tenue s'est faite dans la violence, la police nationale blessant 800 personnes en tentant d'empêcher les Catalans d'aller voter. Depuis, Carles Puigdemont, président catalan, veut aller jusqu'au bout du processus malgré les menaces de Madrid... qui a fini par appliquer l'article 155 de sa constitution, visant à destituer le gouvernement catalan, reprendre possession de ses compétences et enclencher des élections anticipées. Ce à quoi Puigdemont a répondu qu'il proclamerait l'indépendance si l'Espagne reprenait son autonomie à la Catalogne ,et que le gouvernement national se plaçait hors de l'Etat de droit.
Cette volonté de reprendre le contrôle de la part du gouvernement Rajoy II, "pour moi, c’est une dérive totalitaire", commente le politologue flamand. Et d'illustrer son propos en faisant un parallèle avec la Belgique: "Imaginez que les compétences wallonnes soient exercées par des ministres N-VA du gouvernement fédéral, sans aucune possibilité de contrôle par le parlement wallon. Ça serait totalement antidémocratique."
Un référendum illégal mais légitime
Ce référendum, même s'il est illégal, est perçu comme "légitime" par Bart Maddens. "En 2006 est voté un nouveau statut d’autonomie pour la Catalogne, un nouveau statut qui a été validé par un référendum légal. Ensuite, sur demande du Parti Populaire (le parti de Mariano Rajoy, premier parti en Espagne, ndlr), la Cour constitutionnelle avait —partiellement, ndlr — annulé ce statut en 2010. Ensuite, le PP a refusé toute autre forme de dialogue."
Selon le politologue, vu l’absence de volonté de dialogue, les indépendantistes n’avaient d’autre choix que de convoquer ce référendum, "ils étaient dos au mur: les partis politiques en Catalogne n’étaient pas enthousiastes à faire cela, mais ils ont été poussés vers cette position radicale par le mouvement de base qui pouvait mobiliser plus d’un million de personnes." Et de souligner que si le Parti populaire est majoritaire en Espagne, où il a obtenu 33% des suffrages lors des élections de 2016, ce n'est pas le cas en Catalogne, où il n'a remporté que 13% des suffrages, en faisant le cinquième parti.
Le gouvernement catalan en exil en Belgique ?
Dans la situation hypothétique où le gouvernement catalan partirait en exil, comme lors du temps de Franco, "la Belgique serait un choix évident, c’est le pays qui s’est montré le plus sympathique vis-à-vis du mouvement indépendantiste catalan" pronostique le nationaliste.
La Belgique a été l'un des seuls pays à dénoncer les violences policières via son Premier ministre Charles Michel. Et surtout le seul pays européen. De quoi fâcher Bart Maddens, qui trouve l'attitude de l'UE "hypocrite"."La défense des droits fondamentaux, la démocratie, la libre expression, ce sont des valeurs de l’Europe. Quand ces droits sont bafoués hors de l’Europe, l’UE est la première à condamner, mais une fois que cela se passe à l’intérieur de ses frontières, elle regarde de l’autre côté."