C’est au cœur du Brabant Wallon, dans le garage de sa maison à Lillois, que Pierre Vanherck tourne ses cannes. Entre ses mains, de simples barreaux de bois se transforment en cannes de prestige. Il faut environ 70 heures de travail pour arriver à l’objet fini.
Pierre Vanherck a acquis tout seul son savoir-faire. Electromécanicien dans un centre de recherche, il lâche tout en 2003 et se lance dans l’ébénisterie. Il s’essaye par hasard à la fabrication de cannes : "J’ai eu la chance d’acquérir un stock de bois. Dans celui-ci, il y avait un lot de bois précieux qui datait du 19ème siècle. J’ai appris qu’il était destiné à faire des cannes de prestige. J’ai donc décidé de faire une canne et tout a démarré comme ça", raconte l’artisan.
A l’époque, personne ne croit en lui. Les banques rechignent même à lui accorder un prêt : "J’ai quitté un poste bien rémunéré dans un poste de recherche pour créer des cannes. Personne ne me comprenait, on me conseillait de retourner travailler", se confie-t-il. Mais l’artisan persévère. Au fil des ans, son entreprise prend de l’ampleur. Il peaufine sa technique, crée deux à trois cannes par mois. Il expose à Monaco et à Tokyo, fabrique des cannes pour le pape Benoît XVI et le baron de Rothschild. Un succès qui le conforte dans son choix de vie.
Depuis quelques mois, Pierre Vanherck met au point une toute nouvelle gamme, encore plus luxueuse. Les cannes uniques sont numérotées, serties de pierres et de métaux précieux… Elles sont estimées entre 15 et 35 000 euros pièce. Pour ce nouveau défi, l’artisan s’est associé à un ami devenu son manager et qui tente de lui ouvrir des portes. Ça marche : ses cannes se vendront bientôt Place Vendôme à Paris. Pour Pierre Vanherck, c’est un rêve devenu réalité, mais il ne compte pas s’arrêter là : "En création, je n’aurai pas assez de toute une vie pour faire tout ce dont j’ai envie. Plus les créations peuvent être prestigieuses, plus les créations qui peuvent m’être demandées me pousseront dans mes retranchements, plus ce sera le bonheur pour moi".
Pari réussi pour l’ancien électromécanicien devenu artisan d’art. Pierre Vanherk a fait de sa passion un métier… Et se fait désormais l’ambassadeur de l’artisanat belge à travers le monde.
Sarah Heinderyckx