La Chine, elle, est repassée en stratégie zéro Covid, entraînant dans son sillage le confinement de millions d’habitants.
Comment expliquer cette situation ? En Chine, il n’y aurait pas d’immunité collective ? La stratégie ne serait pas la bonne ? Benoît Mulkens se montre prudent : "Je ne jugerai pas. J’utiliserai vraiment les deux éléments qui distinguent complètement ces contrées des nôtres". Et d’analyser la situation dans les quelques pays qui ont adopté une stratégie zéro Covid. "Il y a deux grands facteurs vaccinaux différents", explique le professeur.
Tout d’abord "le fait que la population naturellement infectée est très faible. Donc, à chaque moindre alerte, on a vu des villes en Chine qui ont reproduit des lockdowns archi stricts qu’on a connus uniquement à une période et encore moins stricts que ceux en mars 2020, pendant six semaines. Eux, à la moindre alerte, ils ont reconfiné des millions de personnes dans les quelques villes où il y a eu un tout petit bruit de circulation pendant ces deux années. Donc une immunité naturelle qui n’est pas là, quasi nulle et une stratégie de vaccination très différente de la nôtre qui découle de cette stratégie-là. Le type de vaccin utilisé était différent, ce sont des vaccins inactivés qui ont été utilisés, qui induisent une moins bonne immunité cellulaire. Donc il y a déjà un volet de la réponse immunitaire qui n’est pas stimulé par ce type de vaccin".
La spécificité d’Hong Kong
Le deuxième facteur vaccinal différent, c’est que "l’adhésion de la population a été moins forte que chez nous, notamment à Hong Kong". "Si on regarde les chiffres, seuls 35% des personnes de plus de 80 ans sont vaccinées. Et dans les maisons de repos, on atteint même uniquement un seuil de 15% à la mi-février, au moment où le virus a fortement touché Hong Kong. On a alors un virus qui arrive dans une population où les portes sont beaucoup plus ouvertes et les populations très à risque n’ont pas été protégées parce qu’on espérait pouvoir juguler ce virus en adoptant cette stratégie zéro Covid. Mais le virus a évolué, il est devenu beaucoup plus contagieux".
Et voilà donc ce qui est en train de se passer à Hong Kong pour le professeur de l’UNamur : "On est passé à la moitié de la population vient de subir l’infection, dont plus de 4,5 millions d’infections ici en quelques semaines, sur les 8 à 9 millions de résidents hongkongais. Et, un virus qui a largement touché ces personnes très à risque en provoquant de nombreuses mortalités".