Recyclage

"L’upcycling", quand le recyclage prend de la valeur

Femme tenant un sac-poubelle avec des vêtements

© Getty Images

Par Mélina Margaritis

Ne rien acheter de neuf, mais redonner une vie aux objets jetés et plus précisément aux vêtements. Voilà le défi que se sont lancé certains créateurs et marques.

Tega Akinola, Better World Fashion, Méson, Label Jaune, entre autres, se sont imposés sur la scène de l’upcycling, la mode responsable et durable. Ces derniers acquièrent même une certaine notoriété qui leur permet d’en faire un business lucratif. Bien que cette tendance ne soit pas nouvelle, elle continue de prendre de l’ampleur voire de la valeur.

Upcycling : donner une nouvelle vie

Aussi appelée "surcyclage", cette pratique a pour but de renouveler des objets en leur donnant une nouvelle vie. Recréer des vestes à base de cuir jeté, réaliser un pull Nike pour en faire un sac ou récupérer de vieux tissus pour en faire des vêtements neufs, tout devient possible.

Accessible ou inabordable ?

Présentée à l’événement londonien Sneaker Unboxed, Tega Akinola, une jeune Nigérienne-Britannique de 22 ans, a fait sensation avec ses baskets câblées. Inspirée par Nicole McLaughlin et Miniwoosh (Alexandra Hackett), d’autres adeptes de cette pratique, la jeune créatrice propose un style streetwear upcyclé. Toutes ces créations sont en édition limitée. D’une valeur de 400 £ (+-480€) pour les sacs, ils existent en un seul exemplaire et affichent "rupture de stock" sur le site APOC. Un prix qui avoisine presque celui pratiqué dans le domaine du luxe. Elle a comme projet pour cette nouvelle année de réaliser des commandes personnalisées.

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Le milieu créatif, Tega Akinola le connaît bien. Fille d’un père graphiste et d’une mère couturière, la jeune créatrice a su exploiter sa créativité lors des périodes de confinement. Après s’être rendue chez ses parents pour se mettre en quarantaine, elle découvre en rangeant sa chambre un sac rempli de câbles cassés. Dans une interview donnée à Vogue Magazine US, elle affirme que c’est à partir de là que ses premières collections prennent forme. Elle colle sur de simples chaussures des câbles, crée une chaussure à talon avec une chaussette Nike blanche et confectionne un chapeau entièrement réalisé à partir de câbles USB.

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Au début, je ne faisais que coller la chose. C’était très conceptuel plutôt que fonctionnel ", raconte-t-elle au magazine. S’en suivent rapidement d’autres collections, des sacs faits à partir de pulls Patagonia ou North Face ou des chaussures multifonctionnelles créées à partir de différents vêtements. Ses objets deviennent alors utilisables et fonctionnels.

Quand j’ai réalisé que je pouvais aider à contribuer ou à inspirer les gens à être plus conscients de ce qu’ils achètent et pourquoi ils l’achètent, j’ai commencé à affiner un peu plus

Une façon de faire de sa passion un réel business. À ce moment-là, plus de 50.000 followers la suivent sur Instagram (plus de 100.000 actuellement). Tega Akinola se fait alors vite remarquer et reçoit le soutien d’APOC Store, un magasin qui aide de jeunes créateurs impliqués dans la mode responsable.

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Un upcycling plus industriel

Better World Fashion, une entreprise danoise membre du projet upcycling scandinavia propose, quant à elle, de fabriquer de nouveaux produits à partir de déchets. Fabriquée avec 98% de matériaux recyclés, la marque transforme le cuir usagé, utilise les bouteilles en plastique jetées, mais pas seulement. De vieilles bretelles, du bois et du métal sont recyclés pour permettre la création de vestes, de sacs ou d’autres accessoires modernes. En termes de prix, l’entreprise vend ses produits aux environs de 389€ la veste.

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Le cuir est leur matière première. Il provient de produits de post-consommation qui finissent à la poubelle et sont récupérés par des ONG. La doublure des vestes est fabriquée à partir de bouteilles en plastique jetées. Les harnais de leurs tabliers sont réalisés grâce à de vieilles bretelles.

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Leur processus de production se veut lui aussi écologique. Le cuir est nettoyé dans de la sciure de bois avant d’être réutilisé. Selon une étude ACV (analyse du cycle de vie) de l’Université d’Aalborg au Danemark, une veste en cuir de Better World Fashion permet d’économiser 340 litres d’eau, 16 kg de dioxyde de carbone, 6 kg de déchets et 3,5 kg de produits chimiques par rapport à une nouvelle veste en cuir.

Des prix plus démocratiques

Certains produits ne sont pas accessibles à tous. Ces dernières années, même des marques de luxe se sont engagées dans la mode responsable, Louis Vuitton, Armani et Maison Margiela entre autres. De plus en plus de personnes se prêtent au jeu. Il n’est cependant pas obligatoire de dépenser de grosses sommes pour posséder des vêtements upcyclés. Il existe des marques qui proposent de l’upcycling à des prix plus abordables.

En Belgique, Méson Brussels est l’une d’entre elles. Située à Bruxelles, la marque existe depuis septembre 2020 et est un projet mené par Annabelle et Thaïs, deux jeunes Belges. Pour conscientiser les clients d’un achat durable et responsable, les deux créatrices proposent des produits confectionnés à partir de restes de textiles récupérés auprès d’entreprises belges. On retrouve principalement du lin recyclé de draps de lit, des chemins de table et même des nappes. Les prix sont relativement accessibles. Plusieurs types de vêtements sont proposés tels que des hauts (75€-110€), des ensembles (+-200€) et même des accessoires (59€-175€).

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Les Petits Riens proposent aussi une marque, le "Label Jaune", qui permet d’acheter une série d’objets à des prix encore plus abordables : "Label Jaune, la marque upcycling des Petits Riens". D’autres groupes existent sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, le groupe Upcyling Belgique met en avant différents créateurs qui proposent des produits renouvelés et recyclés, une façon pour les passionnés d’échanger leurs idées et leurs créations.

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Cette pratique de l’upcycling remet au goût du jour l’expression d’Antoine-Laurent de Lavoisier, célèbre chimiste et philosophe du 18e siècle, "Rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme". Une démarche durable et éthique qui se développe de multiples façons et qui conquit de plus en plus de personnes.

Avec des prix onéreux et des prix plus abordables, le projet de recyclage s’adresse à tous. "La mode se démode, le style jamais", comme le disait Coco Chanel.

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