Patrimoine

L’UNESCO en Belgique : les beffrois de Flandre et de Wallonie

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L’UNESCO a fêté ses 75 ans. À l’occasion de cet anniversaire, nous vous présentons certaines des perles du patrimoine mondial matériel présent chez nous. Aujourd’hui, intéressons-nous aux beffrois de Flandre et de Wallonie.

Depuis 1999, 32 beffrois belges sont reconnus par l’UNESCO. Ils ont été rejoints en 2005 par ceux du Nord de la France (au nombre de 23), et celui de Gembloux. Ensemble, ils forment une unique inscription intitulée "beffrois de Belgique et de France".

Sur nos 33 beffrois belges, la Flandre gagne le gros lot, car elle en possède 26. La Wallonie est un peu plus raisonnable, avec 7 beffrois au compteur.

Un beffroi, c’est quoi ?

Les beffrois sont des tours, jouxtant souvent un hôtel de ville ou une halle. Apparus dès le 11e siècle dans nos régions, ils représentent le pouvoir des autorités de la ville, là où les tours des châteaux représentent celui du seigneur, et les clochers celui de l’Église.

Ils possèdent ou ont tous possédé un carillon, dont les cloches ont rythmé la vie politique et civile de la cité. Elles sonnaient par exemple les conseils communaux, les exécutions publiques ou prévenaient en cas d’attaque et d’incendie. Certains beffrois ont même servi de prison ou de chambre de Justice. En tant que symbole des droits accordés aux villes, les beffrois ont parfois été pris pour cible par des seigneurs mécontents ou le peuple révolté.

Mais pourquoi y a-t-il si peu de beffrois en Wallonie, et plus Flandre ? D’abord, parce que la Flandre du Moyen-Âge est riche et très peuplée. Il y a donc bien plus de villes. Ensuite, parce qu’à l’époque, une part non négligeable du territoire wallon appartient à la principauté ecclésiastique de Liège, gouvernée par un prince-évêque. Le rapport avec l’autorité de la ville est donc très différent, et ce sont les églises qui font office de symbole de pouvoir.

Cependant, on trouve parfois des clochers d’églises qui obtiennent, au fil du temps, les mêmes fonctions que les beffrois. C’est notamment le cas à Thuin, Gembloux, Louvain, Anvers ou Malines. D’où la présence d’églises dans la liste de l’UNESCO.

Notons que Bruxelles ne fait pas partie de celle-ci, car la tour de l’hôtel de ville, déjà classée avec l’ensemble de la Grand-Place, n’est pas vraiment un beffroi. La capitale en comptait un, qui s’est malheureusement effondré en 1714.

Les beffrois de Wallonie

Binche

Le beffroi de Binche

Il fait partie intégrante de l’hôtel de ville édifié au 14e siècle. Le bâtiment a plusieurs fois été reconstruit ou rénové, notamment après le sac de la ville en 1554 par les Français, et a donc changé de style.

Le carillon, dont certaines cloches datent du 16e siècle, est caché dans le bulbe baroque qui culmine à 35 m au-dessus du sol.

L’intérieur du beffroi ne se visite pas, il faut se contenter de l’admirer depuis la Grand-Place. Vous pourrez voir ses deux cartouches de pierre représentant les armoiries de Charles Quint et le monogramme de sa sœur, Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-bas qui résida à Binche. Le beffroi sert évidemment de décors de prestige au Carnaval, lui aussi classé par l’UNESCO.

Charleroi

Le beffroi de Charleroi

Il ne peut pas se rater. C’est le plus récent des beffrois de la liste, datant de 1936, dans un pur style Art Déco. Haut de 70 mètres, il pèse 4000 tonnes et possède 47 cloches qui pèsent à elles seules 13 tonnes.

Il aura fallu six ans pour l’édifier. Sa construction aura été un vrai défi, car le sol de son emplacement n’est pas stable. Une base en béton a dû être coulée sur 400 m2, et le tout fut renforcé de 4 vérins hydrauliques afin d’ajuster l’aplomb de la tour.

Après avoir gravi ses 250 marches, vous pourrez admirer un large panorama sur la cité. Mais attention les oreilles, car toutes les heures piles, le carillon sonne "Pays de Charleroi" à tue-tête. Vous pouvez le visiter gratuitement. Toutes les infos sur le site de l’office du tourisme de Charleroi.

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Gembloux

Le beffroi de Gembloux

Au départ, il était le clocher d’une église du 11e siècle. Malgré son statut religieux, la tour fit office de beffroi par ses fonctions sociales et défensives. Le bâtiment est reconstruit après l’incendie de 1678 qui ravage la ville, mais l’église est rasée en 1825 car jugée trop vétuste. Seul le beffroi reste debout. Le toit en flèche dont il est coiffé part en fumée en 1905, et est remplacé par l’actuel en forme de bulbe deux ans plus tard.

Le beffroi ne se visite pas actuellement, mais son carillon est toujours actif, et c’est l’un des deux seuls dans la province de Namur. Des travaux sont en cours pour rendre le monument accessible au public à l’avenir, et mettre ainsi cet héritage en valeur.

 

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Mons

Le beffroi de Mons

Devenu emblème de la cité du doudou (dont la ducasse est aussi protégée par l’UNESCO), il a été érigé entre 1661 et 1672. Seul beffroi totalement baroque du pays, il a remplacé une tour plus ancienne qui fut abattue pour vétusté. Il se tient à l’emplacement de l’ancienne demeure des comtes de Hainaut, depuis longtemps disparue. De ses 87 m de haut, il domine donc la ville entière sur sa butte.

Ses fonctions civiles ont duré dans le temps. Pendant la 2e Guerre mondiale, c’est lui qui avertissait la population des bombardements. Après un long sommeil de 30 ans, le temps de le rénover, il ouvre enfin ses portes au public pour Mons 2015.

Le beffroi est ainsi devenu un site muséal qui retrace son histoire. Vous pourrez admirer de près les 49 cloches encore en fonction, et scruter un panorama unique sur Mons et ses environs (après avoir gravi ses 365 marches). Réservez votre visite sur visitmons.be. Le site abrite également un tas d’activités et d’événements culturels.

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Namur

Le beffroi de Namur

En voilà un qui est plutôt discret. Et pour cause, il ne fait qu’une vingtaine de mètres. Il faut dire qu’à l’origine, le beffroi de Namur n’est pas un beffroi, mais une tour faisant partie de l’enceinte de la ville. Une cloche y est cependant présente, puisque c’est elle qui sonne l’ouverture et la fermeture des portes de la ville. Erigée en 1388, elle n’accède au titre de beffroi qu’en 1746, après le siège de Namur par les Français. On coiffe la tour d’un toit en forme de bulbe, alors que le reste des remparts est rasé.

Le beffroi est un survivant. Il porte encore les stigmates des bombardements américains de 1944, qui ont bien failli le démolir. Mais ses solides fortifications, qui lui donnent certes un aspect austère, lui ont permis de traverser les siècles sans trop d’encombre. Son carillon s’est tu durant 35 ans, avant de reprendre du service en 2017.

Il ne se visite pas, mais la Galerie Beffroi située en face accueille les expositions temporaires de la Ville de Namur, et l’entrée est gratuite.

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Thuin

Le beffroi de Thuin

On vous évoquait l’absence de beffroi en Principauté de Liège, ce n’est pas tout à fait vrai. Car il y en avait un : celui de Thuin. Auparavant clocher d’une collégiale romane, il en est le seul vestige debout. Devenu tour communale après la destruction du reste du bâtiment en 1811, il semble bien qu’avant cela, les autorités de la ville et les chanoines se partagent son usage depuis le Moyen-Âge.

Victime des intempéries, il est plusieurs fois restauré. En 1914, il est touché par l’artillerie allemande, mais survit aux deux conflits mondiaux. Aujourd’hui, le beffroi abrite un espace muséal dédié à l’histoire de la ville et du monument.

Son carillon sonne encore les heures et les demi-heures, du haut de ses 60 m, et bat à la volée pour la marche de la Saint-Roch, patrimoine immatériel de l’UNESCO. Vous pouvez monter dans le foyer pour l’admirer, et profiter du panorama sur la Sambre ou sur les fameux jardins suspendus de Thuin. Toutes les infos pour le visiter sont sur le site internet du beffroi.

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Tournai

Le beffroi de Tournai

Il peut se targuer d’être le plus vieux de Belgique. Bâti au 12e siècle, il n’a plus grand-chose à voir avec la tour de l’époque, car il a subi de nombreuses restaurations et ajouts, et a donc changé plusieurs fois de styles. Aujourd’hui, il se présente à nous avec un style néogothique hérité du 19e siècle.

Haut de 70 m, et de 257 marches, il abritait à l’origine une seule cloche, la "Bancloque", qui rythmait les moments forts de la cité. Elle est remplacée par un carillon en 1535. Aujourd’hui, il compte 55 cloches qui pèsent 13 tonnes. C’est le seul beffroi belge où vous pourrez assister au concert du carillonneur qui exerce encore en personne.

Le beffroi est momentanément fermé pour travaux. Rendez-vous sur le site visittournai.be pour s'informer de sa réouverture.

Les beffrois de Flandre

Le beffroi de Bruges

Rassurez-vous, nous n’allons pas vous présenter un par un les 26 beffrois de Flandre. Cet article n’en finirait pas ! Pourtant ils sont tout autant dignes d’intérêt, et nombre d’entre eux se visitent.

Se trouvent dans la liste les beffrois des villes d’Alost, Audenarde, Bruges, Courtrai, Dixmude, Eeklo, Furnes, Gand, Henrentals, Lierre, Lo-Reninge, Malines, Menin, Nieuport, Roulers, Saint-Trond, Termonde, Tielt, Ypres ainsi que l’hôtel de ville d’Anvers. S’y ajoutent, les tours de la cathédrale Notre-Dame d’Anvers et de la cathédrale Saint-Rombaut de Malines, les églises Saint-Léonard de Léau et Saint-Germain de Tirlemont, la collégiale Saint-Pierre de Louvain, et la basilique Notre-Dame de Tongres. N’hésitez pas, si vous en avez l’occasion, à aller admirer ces vestiges de l’héritage culturel belge.

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