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"Lumumba, le retour d’un héros" éclaire sur le scandale politique et symbolique de l’assassinat de Patrice Lumumba

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Par RTBF La Première via

Le documentaire 'Lumumba, le retour d’un héros', de Benoît Feyt et Quentin Noirfalisse, prend comme point de départ le retour de la dépouille de Patrice Lumumba au Congo, pour raconter qui était Lumumba, ce qu’il a représenté et représente encore dans son pays et en Belgique. Les explications du réalisateur Benoît Feyt, dans Le Mug et Matin Première.

61 ans après son assassinat, survenu le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba retourne en République démocratique du Congo. Ou, comme le dit un de ses enfants, le Congo rentre au Congo. Lumumba a été assassiné avec deux de ses plus proches collaborateurs, en pleine guerre froide et durant la vague des indépendances africaines. Seule une dent semble avoir survécu au passage de leurs corps dans l’acide, acte commis par un officier de police belge. Jusqu’ici, ces meurtres demeurent impunis.

Une demande de la famille Lumumba

C’est la famille Lumumba, via leur avocat, qui a contacté la RTBF pour lui proposer de filmer la cérémonie de la restitution de la dépouille de Patrice Lumumba, au Palais d’Egmont, le 20 juin 2022.

A la demande de l’équipe télé, le projet a finalement été étendu, de façon à accompagner la cérémonie jusqu’au retour de la dépouille de Patrice Lumumba à Kinshasa, en passant par toute une série d’étapes au Congo : Kisangani, son bastion politique, Onalua, son village natal, Shilatembo, le lieu de son assassinat au Katanga…

"Il y a toute une épopée à raconter, mais on se dit qu’au-delà de l’épopée qu’on peut raconter sur la cérémonie de restitution, c’est l’occasion de poser la question : qu’est-ce aujourd’hui que l’héritage de Lumumba en Belgique et au Congo ? Et c’est un peu les questions auxquelles on a voulu répondre dans ce documentaire, tout en rappelant les faits historiques et comment son assassinat a été organisé", explique le réalisateur Benoît Feyt.

Le documentaire 'Lumumba, le retour d’un héros' retrace donc toute l’histoire, à commencer par le discours historique de Patrice Lumumba, prononcé devant le Roi Baudouin et les dignitaires belges, lors de la cérémonie de l’indépendance du Congo, et les réactions du Premier ministre belge Gaston Eyskens.

Une interminable attente de justice

Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de vérité judiciaire sur l’assassinat de Patrice Lumumba et de ses deux proches collaborateurs, Okito et Mpolo.

Le documentaire donne à entendre le témoignage de Ludo De Wit, dont le livre écrit en 1999 éclaire la responsabilité de plusieurs ministres belges de l’époque et du Palais royal. Alexander De Croo a d’ailleurs reconnu la responsabilité morale de plusieurs ministres. L’instruction d’un procès contre l’Etat belge est toujours en cours.

Les familles des victimes attendent la justice, mais aujourd’hui encore, il n’y a officiellement pas d’assassin pour ce crime, ni belge, ni congolais, explique, dans le documentaire, Juliana, la fille de Patrice Lumumba.

Sur la dizaine de hauts fonctionnaires belges en place à l’époque, qui ont été de près ou de loin mouillés dans cette affaire, et à qui un procès a été intenté il y a plusieurs années, il n’en reste plus qu’un seul vivant aujourd’hui, 62 ans plus tard.

"On se dit que cette histoire est entachée d’impunité depuis le début et que, manifestement, c’est encore le cas aujourd’hui", regrette Benoît Feyt.

Portrait officiel de Patrice Lumumba, élu Premier ministre du Congo
Portrait officiel de Patrice Lumumba, élu Premier ministre du Congo © Domaine Public

Un scandale politique, mais aussi un scandale symbolique

En découvrant certaines archives très fortes, on a l’impression qu’il y a eu une forme de mépris pour le corps de Patrice Lumumba.

"Au-delà du scandale politique que représente l’assassinat de Patrice Lumumba, qui est le premier Premier ministre du Congo, élu par le peuple lors de l’Indépendance, il y a tout le scandale symbolique autour de l’aspect sordide de cet assassinat", souligne Benoît Feyt.

D’abord parce qu’on n’en a pas parlé pendant très longtemps, parce qu’on a menti très longtemps à son sujet. Mais il y a aussi la vérité historique, qu’il est important de rappeler.

Patrice Lumumba a été déporté au Katanga sécessionniste, où l’attendaient ses meurtriers. Il a été fusillé, puis son corps et celui de ses deux collaborateurs ont été démembrés et dissous dans l’acide. Mais auparavant, un officier de police belge, Gérard Soete, a décidé d’arracher une dent sur le cadavre de Patrice Lumumba.

"Symboliquement, on a l’impression qu’on arrache la défense d’un éléphant. Il y a quelque chose de très, très colonial dans la symbolique de ce crime", estime Benoît Feyt.

C’est ce que raconte le film, à travers toutes ces archives.

On comprend tout le contexte idéologique dans lequel ce crime a été perpétré. Et il n’y a pas d’autre mot que sordide pour le qualifier, je pense.

> L’entretien complet est à retrouver dans Le Mug, en podcast ci-dessus

A noter que la projection du film en avant-première, ce jeudi 8 juin à 19h, au Cinéma Vendôme, est sold out, mais d’autres séances sont prévues, notamment le 28 juin à Anvers, avec le soutien du Musée Africa de Tervueren. Avis aussi aux salles qui seraient intéressées par une projection. Diffusion prochaine en télé sur la RTBF.

Le bonus: le documentaire « Lumumba, le retour d'un héros »

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