Louise Farrenc, formidable pianiste et compositrice du XIXe siècle, était célèbre à son époque mais elle est aujourd’hui presque inconnue. Louise Farrenc a écrit des œuvres symphoniques, des pièces pour piano et de la musique de chambre. Elle brille de 1000 feux, notamment par son beau talent de mélodiste.
L’art, une évidence pour Louise Farrenc
Louise Farrenc naît à Paris le 31 mai 1804 dans une famille d’artistes. Son père Jacques-Edme Dumont est un sculpteur renommé. Sa famille vit avec une trentaine d’autres à la Sorbonne où des peintres, des graveurs et des sculpteurs se côtoient. Louise grandit dans une atmosphère où l’art a une place primordiale, au point de devenir une évidence. Elle montre très vite des dons exceptionnels pour le piano. A l’âge de 15 ans, elle veut approfondir ses connaissances musicales, et notamment de l’harmonie. Elle va suivre des cours auprès d’Anton Reicha. Elle se passionne pour son art, et aussi pour ses écrits théoriques et pédagogiques, notamment ses ouvrages sur la composition et l’harmonie.
La rencontre avec Aristide Farrenc
À la Sorbonne, on organise des soirées, où la musique tient une place de choix. Comme l’écrit Catherine Legras dans le livre qu’elle consacre à la compositrice, Louise Farrenc se produit en qualité de soliste ou d’accompagnatrice. C’est sans doute lors d’une de ces soirées qu’elle fait la connaissance d’Aristide Farrenc, un flûtiste, qu’elle épouse le 29 septembre 1821.
Aristide est admiratif du talent de sa femme, il écrit notamment à Hummel en 1833 : "Mme Farrenc a eu beaucoup de succès dans toutes les sociétés où elle s’est fait entendre. Je ne crois pas me tromper en assurant qu’elle a réussi comme aucune femme n’a réussi de nos jours. Pendant notre séjour en Angleterre, nous avons placé quatre manuscrits de sa composition à un prix tout à fait convenable." Louise Farenc est d’un naturel timide, mais Aristide l’encourage. C’est un excellent musicien, un peu compositeur à ses heures, éditeur de musique, collectionneur zélé de partitions… Très tôt, il devine le talent de sa très jeune femme, il fait tout pour l’encourager à faire connaître ses œuvres et à les interpréter en public.
La reconnaissance de Robert Schumann
Louise Farrenc passe l’essentiel de sa vie à Paris, hormis quelques séjours en Belgique et en Angleterre. A cette époque, la révolution française n’est vieille que d’une quinzaine d’années. Le 24 février 1826, Louise et Aristide Farrenc accueillent Victorine, leur unique enfant. Elle présentera aussi des dons exceptionnels pour la musique.
Et pendant ces années-là, la maison d’édition d’Aristide Farrenc connaît le succès. Il voyage beaucoup et Louise l’accompagne de temps en temps. Elle fait au moins deux séjours à Londres, où elle retrouve Hummel en même temps qu’elle fait connaître ses premières compositions. Comme l’écrit Catherine Legras, pendant la petite enfance de sa fille, Louise compose moins et joue relativement peu en public, sauf en certaines occasions. Elle reprend pleinement ses activités musicales quand Victorine a six ans. Louise Farrenc commence à publier des œuvres.
Sa réputation est définitivement établie avec son air russe varié opus 17. Qui reçoit notamment les éloges de Robert Schumann. Il écrit : "Il s’agit d’études petites, propres, pointues, qui dévoilent peut-être encore le regard du professeur, mais qui sont si sûres dans la disposition, si compréhensibles dans le développement, en un mot si accomplies, que l’on doit se laisser gagner, d’autant plus qu’au-dessus d’elles se distille une toute légère senteur romantique Des thèmes qui autorisent des imitations se prêtent au mieux aux variations, et la compositrice les utilise pour toutes sortes de jeux canoniques agréables. Elle peut même se permettre une fugue, avec des inversions, des diminutions, des inversions, et tout cela légèrement et de manière charmante…"