Louise Attaque de retour avec un 5e album plutôt humaniste : "Il y a une sorte de chimie quand on se retrouve"

"Si on essaie de répondre simplement, je dirais que c’est nos instruments et puis le fait de jouer ensemble, répond Gaëtan Roussel. Donc, nos instruments, c’est un violon, une basse acoustique, une guitare acoustique et une voix. A l’époque, c’était aussi avec le batteur Alexandre Margraff, avec qui on ne travaille plus depuis le dernier album, Anomalie. Et c’est le fait de se retrouver ensemble. Il y a quelque chose qu’on peut guider quand on est un groupe. Et puis, il y a forcément quelque chose qui nous échappe, c’est une sorte de 'chimie', on pourrait dire, quand on se retrouve. Et ça, on n’a pas la main là-dessus."

Pour Arnaud Samuel, c’est aussi "la façon dont Gaëtan utilise le français pour faire sonner, dans le rock."

Car la langue française a sa place dans le rock. Et la poésie, dans son sens large, a aussi sa place, même si la musique autour est bruyante, musclée ou si elle cavale, souligne Gaëtan.

Moi, je trouve qu’il y a de la place pour arriver à glisser des mots, à les inverser. Je trouve que la langue française se porte bien quand on chahute un petit peu sa construction, si le verbe est avant et le sujet à la fin. J’aime bien cette idée-là. Je ne sais pas si je l’ai comprise, mais je la malaxe, pour reprendre un terme d’Alain Bashung. Je la travaille du mieux que je peux.

Un exemple dans le nouvel album ? "Laisse aboyer ceux qui comprendre ne veulent rien", du titre 'Mon cher, aujourd’hui ma chère'.

3 millions de disques vendus en France pour leur premier album 'Louise Attaque', en 1997. Et 25 années plus tard, ils sont encore là. En avril 2022, ils ont fêté ces 25 ans avec 6 concerts donnés en une seule journée, à l’Elysée-Montmartre, à Paris.

Pourquoi ce premier album est-il tombé en plein dans son époque ? Et pourquoi ces chansons ressortent-elles toujours dans les soirées, à l’exemple de 'Je t’emmène au vent' ?

Cela ne s’explique pas. Mais c’est une vraie chance ! C’est la chanson qui n’est plus la nôtre, en fait, tout le disque même.

S’ils durent, c’est sans doute parce qu’ils n’ont pas été Louise Attaque à temps plein pendant toutes ces années, pour ne pas risquer d’exploser.

Cette formule de pause a porté ses fruits au sens où, plusieurs années plus tard, quand ils se sont retrouvés, ils avaient effectivement des choses à se raconter, aussi bien en musique que sur le plan humain. Ils arrivaient nourris d’autres expériences, ce qui était riche pour le groupe, explique Gaëtan Roussel.

"Se dire qu’on peut faire une pause, c’est quand même précieux. Donc on essaie d’être à la hauteur de ça. C’est un passeport pour la liberté. […] On essaie de faire autre chose, de faire d’autres histoires, moi j’essaie de mener une autre vie, avec d’autres gens que je rencontre, pour essayer de faire d’autres disques, en solo. C’est un passeport pour la liberté financier aussi. On essaie, à chaque fois qu’on fait quelque chose, d’être à la hauteur de cette chance-là, inouïe."

25 ans pour le premier album 'Louise Attaque'. Et 25 jours pour enregistrer ce nouvel album, dans la foulée de cette dynamique. Une contrainte que le groupe s’est imposée lui-même, comme si elle pouvait libérer, et pour ne pas laisser l’inertie s’installer. "C’est, à notre échelle, une petite aventure humaine" souligne Gaëtan Roussel.

La tournée réserve une place d’honneur à ce premier disque qui fête ses 25 ans. Avec une scène centrale installée au milieu de Forest national, où sera joué le premier round : ce sera le premier album joué dans son intégralité. Le deuxième round sera plus électrique, basé davantage sur 'Planète Terre'. Pour deux bonnes heures de pur plaisir !

'Planète Terre', c’est une juxtaposition de polaroïds, où se retrouve souvent le terme Terre. Et c’est finalement ce qui a réuni les chansons de l’album, même si ce n’était pas un concept au départ !

'Pas se voir' est l’un de ces polaroïds du nouvel album, explique Arnaud Samuel, à l’image de la pochette où l’on voit une Louise qui observe les Terriens avec tendresse, avec amour, avec une façon de rendre compte du monde. Une chanson sur l’indifférence que l’on croise dans les rues, dans le métro, dans la société dans laquelle on vit. Avec un petit air de 'Sgt. Pepper’s', des Beatles, pour ses cordes et ses cuivres, plutôt inhabituels chez Louise Attaque.

'La frousse', c’est celle que tout le monde éprouve, à un moment ou à un autre, "et qui fait qu’on se retrouve dans cette humanité-là, en jouant chacun son rôle mais en faisant partie de ce tout."

C’est peut-être pour cela que certains ont décrit cet album comme étant humaniste. Pourquoi pas ?